Nos Révolutions : mettre à nouveau les idées communistes au service du mouvement populaire

revolution in paris, digital art DALL-E

Nous vivons à n’en pas douter un moment historique. Rejeté par l’opinion, poursuivi par les casseroles, cerné de manifestations, le pouvoir macroniste est contesté partout. La réforme des retraites, imposée le 16 mars sans vote de l’Assemblée nationale, a levé contre elle le plus long et puissant mouvement populaire depuis des décennies.

Indissociablement social et politique, ce mouvement n’est pas limité au refus des 64 ans. Les revendications démocratiques (refus du 49-3, dissolution de la Brav-M, référendum), mais aussi féministes (contre une mesure qui frappera d’abord les femmes) et écologistes (pour une économie non destructrice de l’environnement) y ont trouvé toute leur place. Et pour cause : c’est un mouvement de toute la classe travailleuse, dont l’opposition à la classe des profiteurs est chaque jour plus résolue. Sur cette base peu à peu, l’aspiration à une nouvelle société, non capitaliste, prend forme et fait masse dans la société française.

Le changement est-il pour autant à portée de main ? Si les élections législatives comme le niveau actuel de mobilisation viennent confirmer l’absence de majorité en France pour appliquer le programme néolibéral, il n’est pas certain dans les conditions actuelles qu’une majorité politique alternative ait la force de se substituer au macronisme pourrissant.

D’autant que comme dans toute crise, les dangers croissent au même rythme que les opportunités. Né de la contestation des dérives de la Ve République – régime de confiscation permanente de la volonté populaire – la mobilisation actuelle pourrait-elle déboucher sur la victoire d’une solution plus autoritaire encore ? C’est le dangereux paradoxe, aujourd’hui incarné par Marine Le Pen, que les forces progressistes doivent affronter.

Au-delà du risque d’extrême-droite, n’oublions pas les dévoiements qui par le passé ont fait sombrer les mouvements populaires. Bien sûr, les dernières élections nationales ont donné l’avantage, au sein de la gauche, aux solutions de rupture. Pour autant les approches centristes, revêtant tour à tour les habits du social-libéralisme ou ceux du « souverainisme de gauche » – reflets des oscillations de leurs électorats – n’ont pas renoncé à apporter leur caution aux politiques de la classe dominante.

Pour faire face à ces défis et accompagner le mouvement populaire jusqu’au pouvoir, nous croyons au rôle central des idées et des principes en politique. Pour changer le monde en effet, ce sont des millions de femmes et d’hommes qu’il s’agit de réunir : leur capacité à apprendre, évaluer, critiquer, garder le cap dans des situations toujours changeantes est donc décisive.

En France, les communistes ont souvent joué ce rôle au sein de la gauche. À la lumière de cette histoire, nous voulons renouer avec une contribution significative aux luttes populaires et aux débats du marxisme. Pour cela, nous sommes convaincus que le courant communiste doit passer un cap, en se confrontant jusqu’au bout aux changements de paradigme qui bousculent notre siècle.

Parmi les lacunes communistes, nous en identifions quatre des plus préjudiciables à l’action :

  1. De l’éclatement du salariat naissent de nouvelles formes d’entraide, de conscience et de lutte. Le mouvement des retraites confirme l’importance stratégique des grands secteurs publics ou monopolistes (SNCF, énergéticiens…), où prévaut une forte tradition syndicale. Mais à côté et au sein même de ces secteurs, du fait de l’éparpillement géographique et statutaire du travail, de nouvelles formes de lutte se développent, du groupe Facebook au rond-point. Cela induit de nouveaux modes d’action, et donc une nouvelle manière d’agir en communistes aux côtés et au sein des mouvements sociaux et citoyens.
  2. La corne d’abondance n’est plus l’horizon des projets émancipateurs. Dans une poignée de pays riches, essentiellement en Europe et Amérique du Nord, la parenthèse dorée de la fin du XXe siècle a répandu l’idée fausse d’une abondance éternelle, dont il s’agirait seulement d’arbitrer le partage. La crise économique de 2008, la crise climatique et celle, généralisée, des impérialismes occidentaux sont venues briser ce doux rêve. L’abondance, factice, était en fait le produit de sacrifices supportés par d’autres peuples du monde, mais aussi de ponctions intenables pour l’écosystème planétaire. Faute d’être frappés d’insignifiance, c’est à cette aune qu’il faut désormais repenser tout programme sérieux de transformation sociale, en France et dans le monde.
  3. Face à la violence des dominants, une radicalité nouvelle s’exprime. Le mouvement des retraites est caractérisé à la fois par les manifestations syndicales, historiques, et par des marches nocturnes, spontanées, de la jeunesse. Face à une répression policière montant crescendo, de nouvelles formes d’action s’inventent, de l’évitement à l’affrontement. Contre les bassines et l’agro-business, le mouvement écologiste lui aussi est traversé par la diversité des formes de la contestation. Loin des pompeuses condamnations médiatiques, le rôle des communistes est d’aider à identifier, pour toutes ces luttes, les voies les plus efficaces vers la victoire.
  4. Résoudre la crise démocratique devient la condition de toute avancée progressiste. Nos institutions actuelles ne peuvent que choquer et brutaliser la société française, toujours plus éduquée et connectée, friande de controverses, de débat politique. Chacun comprend qu’il n’y aura pas d’issue positive à la crise en cours sans renversement complet du système politique. Dans cette situation, il est plus que jamais vital de renoncer à toute tentation autoritaire à gauche. Des nostalgies mal placées pour le « socialisme autoritaire » du XXe siècle, jusqu’aux velléités de contrôle politique ou aux rapports de frilosité entretenus avec les mouvements populaires, du chemin reste encore à parcourir pour intégrer pleinement à notre démarche politique l’aspiration populaire à une « démocratie réelle ».

Pour rendre au communisme ses lettres de noblesse, nous nourrissons donc l’ambition d’une pratique communiste humble et sans œillères, soucieuse d’apprendre avant de prétendre enseigner, exigeante d’abord pour elle-même avant de l’être pour les autres. C’est ce à quoi nous souhaitons nous employer autour de ce nouveau média, créé à l’automne 2022. Creuset d’expériences militantes, de réflexions, de débats, Nos Révolutions se veut au service du courant d’idées communiste et du mouvement social. D’articles en analyses, de débats en entretiens, en passant par la vidéo et notre veille d’actualité… À mesure que chacun·e pourra en prendre sa part, la régularité et la diversité des formats grandiront !

Ouverts aux mouvements de la société, les pieds ancrés dans les luttes du présent, l’esprit ouvert aux idées d’avenir, c’est avec cette triple exigence que nous travaillerons pour Nos Révolutions.

David Arabia
Aurélie Biancarelli-Lopes
Chloé Beignon
Hugo Blossier
Hadrien Bortot
Sophie Bournot
Juan Francisco Cohu
Manel D.
Rosa Drif
Anaïs Fley
Théo Froger
Nadine Garcia
Gabriel Gau
Laureen Genthon
Nina Goualier
Antoine Guerreiro
Marie Jay
Noâm Korchi
Carmen Mallejac
Frank Mouly
Hugo Pompougnac
Katia Ruiz-Berrocal
Bradley Smith
Lola Sudreau

Pour participer, envoyez un mail à contact@nosrevolutions.fr

Image créée par Intelligence Artificielle.


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