Par Chloé Beignon.
En ce 1er mai 2024, la lutte pour les droits des travailleuses, travailleurs et privé·es d’emploi est plus que jamais nécessaire.
Depuis son élection en 2017, Emmanuel Macron a multiplié les réformes néolibérales amorcées en 2016 avec la Loi Travail : coupes budgétaires massives pour le service public, réforme des retraites, réduction des droits à l’assurance chômage… Et il ne s’arrêtera pas là : le gouvernement veut une nouvelle fois s’attaquer aux droits des privé·es d’emploi, en prônant une énième réduction du montant et de la durée des indemnisations en 2024.
Conséquence directe de ces réformes, les conditions de vie des Français·es n’ont cessé de se détériorer ces dernières années. La précarité a été renforcée par l’inflation, rendant de plus en plus difficile de réaliser les dépenses même les plus essentielles comme l’alimentation.
Au travail, les outils à disposition des libéraux pour renforcer la pression à la productivité se sont multipliés, parfois déguisées sous le vernis marketing de la flexibilité. La logique de rentabilité se diffuse au secteur public, par exemple par la mise en place de primes « au mérite » ou avec le récent projet de réforme visant à faciliter les licenciements1.
De plus même en France, les protections des travailleuses et travailleurs face aux risques sont encore fragiles. Comme l’a rappelé la CGT à l’occasion de la Journée internationale de la santé et de la sécurité au travail du 28 avril, 1 227 personnes ont perdu la vie au travail et du travail en 2022,et des milliers d’autres ont été blessées2.
Enfin dans un cadre capitaliste, néolibéral et sans rétribution à sa juste valeur, le travail n’a plus aucun sens. Cette absence de sens au travail, déjà omniprésente dans les métiers les plus difficiles et les plus précaires, tend à se généraliser à mesure que les logiques de marchés s’accroissent et que les actionnaires voient leurs dividendes augmenter.
Comment le gouvernement peut-il ne pas avoir honte, en refusant la hausse des salaires massive réclamée partout, quand les actionnaires du CAC40 se sont versés près de 97,1 milliard d’euros en 2023 ? Évidemment, cette simple et juste revendication est inacceptable pour la bourgeoisie au nom duquel ce gouvernement agit.
C’est pourquoi, lutter pour améliorer vraiment les conditions de travail est impossible sans lutte politique contre le capitalisme et ses mandataires politiques. C’est ce que rappelle le récent ouvrage Travailler moins ne suffit pas de Julia Pesco en faveur d’un travail « démarchandisé, démocratisé et dépollué »3, et qui met en avant le fonctionnement des entreprises coopératives. Alors en ce 1er mai et demain encore, exigeons de « mieux vivre » et luttons ensemble pour réaliser la perspective politique qui le permettra !
- https://nosrevolutions.fr/2024/04/24/edito-statut-de-la-fonction-publique-le-gouvernement-attaque/ ↩︎
- https://www.cgt.fr/actualites/france/interprofessionnel/conditions-de-travail/actions-syndicales-le-25-avril-partout-en-france-pour-en-finir-avec-les-mortes-et-les-blessees-au ↩︎
- https://ecosociete.org/livres/travailler-moins-ne-suffit-pas ↩︎
Image d’illustration : « Manifestation du 1er mai 2023 au Mans », par Antoine Oury (CC BY-SA 4.0)