L’agonie du centrisme et la lutte pour le pouvoir


Par Hugo P.

La crise de régime vient de franchir un cap décisif avec l’annonce de la dissolution de l’Assemblée Nationale par Emmanuel Macron.

Nous en analysions déjà les racines dans cet article il y a un an : la crise du capitalisme supprime la possibilité de l’entente entre les classes et, donc, ravive leur antagonisme irréductible. Dans ce contexte, le centre-droit et le centre-gauche des années 90 sont voués à l’agonie.

Aujourd’hui, la désagrégation des deux principaux partis de la Ve République, le PS et LR/l’UMP, est emblématique de ce fait. L’un se déchire entre l’option radicale portée par le Nouveau Front Populaire (ex-NUPES) et l’option libérale, compatible avec la politique gouvernementale, d’un Raphaël Glucksmann ; l’autre éclate entre le soutien au RN d’un Ciotti et le soutien à Macron d’un Sarkozy. Nous invitons aujourd’hui à relire cet article pour éclairer ce processus de combustion rapide de l’échiquier politique.

L’article suivant de la même série portrait sur la nécessité de mener la lutte pour le pouvoir politique en passant librement, sans dogmatisme, d’une des formes du combat à l’autre, des élections à la manifestation de rue en passant par la grève. Nous invitons également à relire cet article à l’heure où toute la créativité stratégique dont nous sommes capables est requise.

Après la période de réaction noire consécutive à l’échec du mouvement des retraites, où les classes populaires et leurs représentants ont fait l’objet d’une campagne d’intimidation permanente (en particulier sur le thème du massacre à Gaza), nous cessons d’encaisser les coups ; l’offensive reprend aujourd’hui, avec ces élections législatives.

La bataille du moment est donc électorale, et ce, au moins jusqu’au 7 juillet. Bien sûr, elle ne le restera pas, et l’initiative repassera à la rue. Si un gouvernement Front Populaire sort des urnes, il faudra prendre la rue dès le lendemain pour montrer où va la force du peuple et pousser le processus révolutionnaire de l’avant. Des institutions alternatives, du type de celles qui ont vu la naissance de la Sécurité Sociale après-guerre, seront alors à l’ordre du jour ; comme nous le montrions dans le tout premier article de la série, la radicalité des luttes se mesure à la dualité des pouvoirs qu’elles parviennent à susciter.

Si, à l’inverse, le vote se conclut par un échec, et pire, par la victoire du Rassemblement National, il faudra contre-attaquer pour placer immédiatement le pouvoir sur la défensive, notamment sur les questions économiques où les appuis du RN sont particulièrement fragiles (retraite à 60 ans, etc).

Enfin, le quatrième article de cette série devait être consacré à l’auto-organisation et au rôle des assemblées pour l’essor de la lutte. Il n’a jamais été finalisé car nous avons été accaparé·es par d’autres tâches, notamment dans le contexte du matraquage pro-massacre à Gaza.

Bien sûr, le fait qu’avec le Front Populaire, le camp des classes populaires sorte de la confusion au moment où celui de la bourgeoisie y entre (avec notamment les violentes secousses qui touchent LR) est une force. Pour autant, la fragilité de la NUPES, détruite en quelques interventions médiatiques par une poignée de personnes au titre de calculs électoraux absurdes (“plus la gauche est divisée, plus elle aura d’élus”…) montre une des conséquences d’un mouvement populaire trop peu organisé ou trop peu vigilant, en l’occurrence pour contrôler et sanctionner l’action de ses porte-paroles. Il ne faut pas que la même chose arrive au Front Populaire, ni aux mouvements sociaux qui lui succéderont.

Nous prévoyons donc d’actualiser et de terminer avant la fin du mois de juin cet article qui dort depuis de longues semaines.


Image d’illustration : Emmanuel Macron, photographie prise le 19 janvier 2022, Parlement Européen (CC BY 2.0)


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