En 2025 alors que les conflits s’intensifient et que les offensives militaires se multiplient (en Ukraine, au Moyen-Orient, en Inde…), beaucoup espèrent encore que les bourgeoisies aux commandes des grandes puissances « reviendront à la raison ». Cette croyance suppose que les classes dirigeantes, malgré leurs excès, agissent au fond pour l’intérêt général. Rien n’est plus éloigné de la réalité. Les actions des puissances capitalistes ne sont pas guidées par des principes moraux, mais par leurs intérêts économiques et la nécessité de maintenir leur domination par la force.
L’idée que les bourgeoisies pourraient un jour « revenir à la raison » est un leurre. Les puissances capitalistes ne cherchent pas à établir un ordre juste et équitable, mais à maximiser leurs profits et à conserver leur pouvoir. Ainsi, ils utilisent la force militaire pour sécuriser les ressources, contrôler les marchés et écraser toute résistance à leur domination. Rosa Luxemburg a montré comment l’accumulation du capital repose, de son stade primitif à son stade avancé, sur la violence et l’exploitation. Les capitalistes ne reculent devant rien pour accumuler des richesses, même si cela signifie détruire des vies, des écosystèmes et des communautés entières. Les guerres auxquelles nous assistons ne sont que la continuation de cette logique brutale.
De ce point de vue, les offensives militaires récentes au « mépris du droit international », notamment celles d’Israël, ne sont pas des aberrations, mais des manifestations claires du caractère prédateur du capitalisme. Comme l’a souligné Lénine, la concurrence entre les puissances capitalistes conduit inévitablement à des conflits armés. Au fond, le droit n’a jamais servi aux bourgeoisies qu’à maintenir l’ordre nécessaire à leur domination sur les sociétés, leur emprise sur les ressources stratégiques et l’ouverture de nouveaux marchés. Si le droit se met en travers de leur route, il leur suffit de l’enjamber !
C’est le sens de l’absence totale de considération du droit international par Israël, qui poursuit le génocide des Palestiniens sans s’inquiéter de sanctions malgré les condamnations de la Cour pénale internationale. Pourquoi en serait-il autrement, alors que les puissances capitalistes qui la soutiennent ont bâti leurs propres puissances à force de guerres, parfois de génocides et de politiques de la terreur, l’Afrique en étant encore aujourd’hui le théâtre macabre ?
Cette explosion de violence démontre la fébrilité de ce système pour qui la domination, l’appropriation et l’exploitation sont des enjeux de vie ou de mort. C’est bien parce que les vieilles puissances capitalistes et leurs alliances (comme l’OTAN) sont déjà en perte de vitesse dans les nouveaux rapports de forces internationaux qu’elles tentent le tout pour le tout pour rétablir leur hégémonie. Les politiques économiques agressives de Donald Trump en sont un exemple frappant.
Sous couvert de « protectionnisme » et de « défense des intérêts nationaux », Trump mène une guerre commerciale féroce pour affaiblir les concurrents des États-Unis et renforcer la position dominante des entreprises américaines. Trump n’est pas un fou furieux, mais bien un champion du capital états-unien. Toutes les politiques qu’il a mises en œuvre depuis le début de ce second mandat ne visent qu’à une seule chose : colmater les brèches de la chute des États-Unis sur le marché international. À l’occasion du sommet de l’OTAN réuni à La Haye, Trump vient d’aligner sur sa politique tout le camp occidental et d’obtenir les 5% des PIB de chaque membre consacrés aux dépenses militaires (à l’exception, à ce stade, de l’Espagne qui tente de résister).
Regardons donc la réalité en face : nos dirigeants ne reviendront pas à la raison. Tant qu’ils auront le pouvoir, chaque année sera pire que la précédente. Dans cette fuite en avant destructrice, les guerres se multiplieront, les inégalités s’aggraveront et les droits humains seront de plus en plus bafoués.
La seule alternative est la prise du pouvoir, partout, dans chaque pays, par les peuples. C’est un chemin difficile, et la tentation du découragement est légitime. Mais il n’en existe pas d’autre. Rappelons-nous que tout système n’est in fine que l’expression de choix, qu’il s’agisse de ceux de quelques-uns au mépris de toutes et tous, ou de choix collectifs et démocratiques.
La bonne nouvelle c’est qu’il existe, y compris dans notre quotidien en France, des moments où il est possible d’avancer vers cet objectif. C’est le cas en ce moment avec le soutien à la cause palestinienne. Ce fut le cas avec les Gilets Jaunes. Ce fut le cas en 2022, en 2024, lorsque des millions de Français se sont saisis de la vie politique pour que la gauche remporte les élections présidentielle, législatives, pour changer le pays et le monde.
Dans ces moments-là, oui, il est possible de faire dérailler la catastrophe que préparent sous nos yeux les dirigeants du monde. Ce chemin est tout sauf facile. Mais ne vaut-il pas la peine d’être emprunté ?
Image d’illustration : « Remarks by the NATO Secretary General and the President of the United States – 2025 NATO Summit in The Hague », photographie du 25 juin 2025 par NATO North Atlantic Treaty Organization (CC BY-NC-ND 4.0)