ÉDITO. Contre les crimes racistes, faire tomber le système qui les encourage !


Par Manel Djadoun.

Le 25 avril 2025, un crime islamophobe d’une extrême violence a secoué la France et frappé en plein cœur notre société. Aboubakar Cissé, jeune homme de 22 ans, a été brutalement arraché à la vie dans un acte de violence d’une rare cruauté. Il a été poignardé à plus de 40 reprises par Olivier H., 21 ans, qui a filmé son acte de barbarie et diffusé la vidéo, pleine de haine contre les musulman·es. Toutes nos pensées vont aux proches d’Aboubakar, à sa famille, ses ami·es, ainsi qu’à la communauté musulmane, aux habitant·es de La Grand-Combe et au-delà.

Aboubakar Cissé n’a pas seulement été victime d’un crime, il a été la cible d’un acte raciste et islamophobe. Ce crime ne touche pas uniquement sa famille, ses ami·es ou les musulman·es, il nous touche toutes et tous parce que l’assassinat d’un citoyen, quelle que soit sa religion ou son origine, est un coup porté à la société toute entière. Il est inacceptable de constater qu’encore aujourd’hui, des vies sont anéanties par la barbarie et le racisme.

En réalité cet acte criminel s’inscrit dans un contexte plus vaste, résultant de plusieurs décennies de violences politiques à l’encontre des musulman·es, des migrant·es et des couches populaires de notre pays. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2023, le ministère de l’Intérieur recensait 242 actes islamophobes, marquant une hausse de 30% par rapport à 2022.

Face à ce crime certains réclament, à juste titre, une action forte de l’État contre l’islamophobie et le racisme. Il est cependant surprenant de s’opposer aux politiques racistes du gouvernement tout en lui demandant d’agir immédiatement contre le racisme. Comment exiger de Retailleau qu’il s’engage et réagisse face à l’essor de l’islamophobie, alors qu’il est celui qui a scandé en plein meeting « à bas le voile ! » ? 

Comment peut-on s’attendre à ce que Darmanin, ou Macron, protègent les musulman·es alors qu’ils ont soutenu la loi dite « séparatisme », imposé une avalanche de lois sur l’immigration et adopté, point par point, les discours et programmes du Rassemblement National ?

Les condamnations, du bout des lèvres depuis quelques jours, des réactionnaires face à ce crime islamophobe ne doivent ni nous impressionner ni nous endormir. Ainsi, nous ne voulons ni fausse compassion, ni réactions pompeuses venant de celles et ceux qui ont fait de l’islamophobie le fer de lance de leur stratégie politique. Nous n’attendons pas d’action de la part de ceux qui, par leurs mots ou leurs actes, ont perpétué la haine, fracturé la société française et alimenté chaque jour la barbarie dans ce pays.

Aussi, il est important d’affirmer que :

1- La mémoire et la conscience collective, héritées des luttes sociales et antiracistes, constituent notre seule défense contre les tentatives de silenciation des crimes racistes. Nous n’oublions pas que les mots de compassion et de condamnation des responsables politiques n’ont jamais abouti à la justice pour les victimes de crimes racistes : ni pour Ziad et Bouna, ni pour Adama, ni pour Zineb Redouane, ni pour Nahel.

2- Notre unique réponse au racisme réside dans notre aptitude à forger des solidarités et à unir les classes populaires pour bâtir un monde où la solidarité prime sur la division, où aucun être humain n’est illégal ou inférieur aux autres.

3- La seule manière de combattre le racisme est donc de mener une lutte politique directe contre le système actuel. Pour éliminer le racisme, il faut abolir l’ordre injuste qui le rend possible. 

À ceux qui érigent le racisme en fondement de leur projet politique, sachez que nous ne vous accorderons ni remords feints, ni pardon forcé. Votre projet de généralisation de l’injustice ne nous effraie pas ; il ravive au contraire notre engagement. Nos luttes n’ont pas besoin de votre compassion : elles revendiquent votre départ du pouvoir afin de laisser place aux forces du progrès et de la justice sociale.


Image d’illustration : « À côté de la famille d’Aboubakar Cissé accueillie à l’assemblée nationale par tous les groupes de gauche suivie de la conférence de presse. », photographie du 29 avril 2025 issue du compte Facebook de Lamine Camara, conseiller régional, adjoint-au-maire de Grigny et président de la Confédération des Élus Français d’Origine Malienne (CEFOM).


Share via
Copy link
Powered by Social Snap