Jeux Olympiques : la cause palestinienne bouscule la compétition


Par Amira Berrah.

Alors que les appels à faire concourir les athlètes israélien·nes sous bannière neutre, comme la Russie ou la Biélorussie en raison de la guerre qui les oppose à l’Ukraine, n’ont pas été retenus par le CIO, la cause palestinienne dépasse les enjeux sportifs, et certains pays, fidèles à leur position, ne fléchissent pas.

Le judoka algérien de 22 ans, Messaoud Redouane Dris, triple champion d’Afrique dans la catégorie des moins de 73 kg, s’est vu retirer du tableau le dimanche 28 juillet, à la veille de son combat l’opposant à l’israélien Tohar Butbu. La confrontation n’a pas eu lieu à cause du dépassement du poids lors de la pesée. L’athlète algérien affichait 73,4 kg sur la balance.

Même si la raison de cette disqualification est ici en l’occurrence « diplomatique », une enquête approfondie a été ouverte par la fédération internationale de judo, FIJ, celle-ci étant lucide sur la dimension politique de la situation.

L’Algérie, en plus d’être un pays solidaire de la cause palestinienne, ne reconnaît pas l’état hébreu. Ses athlètes ont déjà par le passé pris le parti de « refuser la normalisation« .

Toujours dans le monde du judo lors des mondiaux de Tokyo en 2019, Fethi Nourine a déclaré forfait avant le combat l’opposant au même judoka israélien dans la catégorie des moins de 73 kg. Deux ans après, lors des JO de Tokyo 2021, le judoka algérien et son entraîneur Amar Benikhlef ont de nouveau refusé la confrontation après être tombé sur Tohar Butbu au tirage au sort.

Cette fois-ci, des explications avaient été données à la presse nationale : « Nous n’avons pas eu de chance avec le tirage au sort. Le judoka Fethi Nourine est tombé face à un judoka israélien et c’est le raison de son retrait de la compétition. Nous refusons la normalisation. Nous avons pris la bonne décision. Nous avons travaillé dur pour nous qualifier aux jeux, mais la cause palestinienne est plus grande que tout cela » avait déclaré l’entraîneur Amar Benikhlef.

Suite aux déclarations de l’athlète et son entraîneur, la FIJ a ouvert une enquête, qui a d’abord abouti à une suspension temporaire et au retrait des accréditations aux JO de Pékin, puis a confié l’affaire au comité disciplinaire pour une sanction générale. Suite à l’enquête, Fethi Nouri et son entraîneur ont été bannis des compétitions de judo pendant 10 ans. Le judoka avait 30 ans au moment des faits, autant dire que sa carrière s’est terminée à ce moment. C’est en ayant conscience de cette réalité qu’il a décidé de suivre ses convictions.

La FIJ avait accusé l’athlète d’avoir utilisé  l’événement des JO comme « comme une plateforme de protestation et de promotion de la propagande politique et religieuse ». Les mêmes sanctions seront-elles retenues contre Messaoud Redouane Dris ?

La situation à Gaza à l’heure des JO de Paris 2024 étant d’une gravité sans précédent, afficher son soutien par le boycott pour dénoncer un crime contre l’humanité peut-il encore être perçu comme une propagande politique ?

Comme le judoka israélien a pu le sous-entendre lorsqu’il a été interrogé, ce ne sont pas les athlètes qui sont boudés, mais bien le gouvernement qu’ils représentent et sa politique sanguinaire.


Image d’illustration : « Anneaux olympiques sur la place de l’Hôtel de Ville – Esplanade de la Libération, Paris. », photographie du 23 août 2021 par Chabe01 (CC BY-SA 4.0)


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