Passons à l’offensive !


Par Hugo P.

La défaite électorale du RN et de ses alliés, ce dimanche, est une excellente nouvelle. D’abord, parce que le premier objectif du clan Bardella/Le Pen est de faire subir une purge raciste au pays et de briser les reins du mouvement social. Il est heureux qu’il ne puisse pas compter sur la majorité parlementaire nécessaire pour y parvenir. Ensuite, parce que le coup d’arrêt mis à son ascension électorale montre que le basculement du pays n’a rien d’inéluctable et peut être déjoué.

Que s’est-il passé ? C’est simple. L’entre-deux-tours a vu la force d’entraînement échapper aux éléments les plus réactionnaires du peuple, et passer à ses éléments progressistes, soutenant le Nouveau Front Populaire. La nullité de Jordan Bardella dans les débats télévisés et les profils consternants des candidats frontistes dans près d’une centaine de circonscriptions y ont beaucoup aidé. De toute évidence, ils n’étaient pas prêts. L’intense politisation qui agite le pays depuis trois semaines, les discussions quotidiennes, l’intérêt passionné pour l’actualité a également mené des millions de gens, jusque-là passifs politiquement, à se positionner contre l’extrême-droite.

On nous disait que les éléments radicaux de la coalition étaient des repoussoirs et feraient perdre l’alliance. C’est tout l’inverse qui s’est produit. Bien sûr, l’unité politique, l’accord signé sous la pression du grand nombre, ont été déterminants et ont permis de déjouer la plupart des tentatives de division. Ils ont surtout rendu possible la mobilisation en profondeur du peuple de gauche, de milliers de collectifs et d’associations… et de la CGT, qui a pris la décision historique de faire entrer la campagne électorale dans les entreprises et les administrations.

Cet élan a été si puissant qu’il a même fait chanceler la macronie, pourtant largement complice des thèses du Rassemblement National. Il y a trois semaines, elle disait : plutôt Hitler que le Front Populaire. Il y a deux semaines, elle n’en était plus là, mais il n’était pas question d’appeler à voter pour le Nouveau Front Populaire, au prétexte de soit-disant complots démoniaques ourdis par LFI. Il y a une semaine, la gauche s’étant déjà désistée de tous les territoires où elle était arrivée troisième, les macronistes cédaient enfin et retiraient également leurs candidats.

En réalité, les catégories aisées qui forment leur base sociale ont pris peur et ont appelé les classes populaires engagées à gauche à leur secours. Ces dernières n’ont pas hésité une seconde et ont assumé le leadership de la lutte contre l’extrême-droite, malgré les longues années de violences politiques, de calomnies, et de mesures anti-sociales qu’elles ont subi.

Maintenant, où en sommes-nous ?

La mobilisation populaire a déjà fait beaucoup avec cette victoire électorale, mais si elle s’arrête ici, elle n’aura rien fait. En effet, les éléments les moins fiables du Nouveau Front Populaire, les Glucksmann, Hollande et compagnie, sont d’ores et déjà en train de négocier la formation d’un gouvernement de coalition avec les macronistes ; à tout le moins, il n’est pas question pour eux que le NFP gouverne sans éliminer plusieurs mesures essentielles de son programme. Ils feront tout pour que la gauche ne bouscule pas les puissances d’argent, qu’elle se range du côté du système. Bien sûr, cette stratégie mène tout droit à la démobilisation du peuple, et donc à son corollaire systématique, la progression du RN (peut-être sa victoire en 2027). Il faut l’éviter à tout prix !

De leur côté, les amis de Macron envisagent aussi l’hypothèse d’une coalition des droites. C’est une menace plus mortelle encore.

Il faut donc aller de l’avant. Dans l’immédiat, envoyer des signaux de progrès social clairs : abrogation de la réforme des retraites, augmentation du SMIC, blocage des prix. Et dans un second temps, engager les millions d’habitants de notre pays dans l’élaboration d’un autre régime de propriété et de décision démocratique, où le pouvoir appartient au grand nombre. Ce mouvement devra passer par le renversement du président de la République et la convocation d’une assemblée constituante. Alors, nous aurons remporté une victoire décisive, car un peuple en révolution voit ses forces décupler.

Dans l’intervalle, la lutte pour ces revendications ne saurait être exclusivement parlementaire ou ministérielle. Si, demain, le gouvernement prend les couleurs du Front Populaire, il faudra soutenir son bras pour lui permettre de frapper la dictature de l’argent. Si, au contraire, les opportunistes de toutes étiquettes parviennent à contourner le résultat du scrutin et à former un gouvernement libéral, il faudra le faire céder.

Le bulletin de vote est l’une des armes de cette bataille. La manifestation de rue, la grève (y compris dans un contexte de Jeux Olympiques), la pétition en sont d’autres. Les comités locaux du Front Populaire, nés dans la campagne électorale, peuvent être de précieux points d’appui. Passons à l’offensive !


Image d’illustration : Manifestation populaire place de la République, le 7 juillet 2024. Photographie par Juan Francisco Cohu.


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