Cet article du 29 juin 2025 est extrait de la lettre hebdomadaire de Patrick Le Hyaric. Cliquez ici pour lire la lettre de la semaine, et ici pour vous y abonner.
Ce pouvoir ne cesse de monter dans les tours de l’inversion des sens et du confusionnisme en haut desquelles est assis le RN/FN. Voici qu’ils se sont permis de travestir, de retourner le sens de la date du 18 juin, traditionnellement associée au refus de l’occupation, au refus de la collaboration, au refus de l’effacement incarné par l’appel du Général de Gaulle.
Le chef du parti hérité de celui de De Gaulle, ministre de l’Intérieur de son état a lancé le 18 juin 2025 une sale opération nationale de contrôle dans les gares et trains. Étaient prioritairement visées les personnes sans-papiers, en transit, survivants souvent de guerres et de massacres.
On a assisté ce jour-là dans une banalité médiatique à faire vomir à une stratégie du guet-apens, à un quadrillage militaro-bureaucratique à la recherche de visages indésirables. Que ceci puisse avoir lieu au cœur de notre système ferroviaire, organisateur des déplacements et des flux rappelle le pire. Le voyage ne serait donc plus un besoin de vie, mais une menace, un lieu de soupçon.
Déjà insupportable cette rafle organisée un 18 juin est d’un cynisme glacial. Le sinistre ministre de l’Intérieur, formé par le vicomte de Villiers qui trône à CNews et au Journal du Dimanche, inverse les symboles de la résistance pour les retourner contre ceux qui, aujourd’hui, fuient les guerres, les persécutions, les famines et la misère organisée.
Le 18 juin fut un appel à l’insoumission, Retailleau en fait le jour de l’obéissance totale à l’ordre sécuritaire.
Le 18 juin n’est plus la date d’une mémoire partagée, il devient une arme de légitimation, un alibi historique pour une politique de tri.
Le 18 juin n’est pas pour ce ministre le jour d’un appel à la libération, de l’universalité des droits, mais celui des contrôles et de la traque.
Le sans-papiers devient un « non-être », un sujet sans statut, donc sans droit. L’étranger devient un danger. L’État répressif le cherche partout, l’identifie, le colle contre le mur d’une gare ou d’un métro et le fait disparaître de notre scène commune.
Il y aurait à dire sur cette funeste journée. Elle en dit beaucoup sur le basculement en cours. Au bout de la gouttière charriant cette eau grisâtre et boueuse, l’extrême droite ouvre son escarcelle et attend qu’elle se remplisse. Nous avons à nous révolter.
Image d’illustration : « Home Secretary Yvette Cooper attends G7 in ItalyHome Secretary », photographie du 3 octobre 2024 par Andy Taylor – UK Home Office (CC BY 2.0) – photographie recadrée