ÉDITO. L’autorité morale des bourgeoisies occidentales gît sous les décombres de Gaza


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Depuis plus d’un an et demi, Gaza est livrée à une destruction systématique planifiée et mise en œuvre par Israël avec le soutien, souvent idéologique, toujours matériel, des États-Unis, des principales puissances européennes et de leurs alliés. Chaque jour, les images insoutenables envoyées par les Palestinien·nes nous rendent témoins de l’horreur en cours. 

Depuis des mois les peuples du monde entier, de l’Amérique à l’Asie en passant par l’Europe, en particulier dans la jeunesse, se mobilisent pour forcer leurs gouvernements à reconnaître l’État palestinien et exiger un cesser-le-feu. Après le choc des attaques du 7 octobre, l’opinion publique internationale a depuis longtemps basculé en faveur de la paix. Les jugements rendus par la Cour pénale internationale et la caractérisation de « génocide » y font écho.

Mais l’opinion publique, les appels au cessez-le-feu, les droits humains ou encore les conventions internationales, le gouvernement d’extrême droite israélien s’en soucie comme du dernier enfant palestinien tué sous ses bombes. L’objectif des ultra-nationalistes qui le composent est fixé de longue date : l’anéantissement du peuple palestinien, l’élargissement du territoire d’Israël bien au-delà de ses colonies actuelles. Ainsi alors même que son régime est plus isolé que jamais dans le monde, Netanyahou vient de lancer ce qu’il appelle son « assaut final » sur Gaza. Rien n’est épargné : les hôpitaux, les écoles, les zones dites « sécurisées » sont méthodiquement rayés de la carte. 

Si pendant plus d’un an et demi les chancelleries occidentales ont sciemment continué à livrer des armes, ignorant les mobilisations populaires dans leurs pays, la situation commence à bouger. Hier, l’AFP annonçait que l’Union européenne prévoyait de revoir son accord d’association avec Israël, que Londres entendait suspendre ses négociations commerciales avec Israël et sanctionner des colons israéliens pour des violences en Cisjordanie, que la Suède plaidait pour des sanctions européennes contre des membres du gouvernement israélien.

Pour les Palestinien·nes certes, mieux vaut tard que jamais. Le cessez-le-feu définitif est une priorité absolue, tout comme toute exigence de justice suite au massacre est bonne à prendre. Des mobilisations et manifestations sont prévues ces prochains jours dans le monde entier pour soutenir la paix et revendiquer un cessez-le-feu immédiat, l’arrêt des livraisons d’armes, la fin de l’impunité pour les responsables de ce génocide. Nous en ferons partie, notamment ce dimanche 25 mai sur la place de la République à Paris et dans bien d’autres villes en France.

Cependant, les peuples du monde n’oublieront pas qu’il aura fallu attendre plus d’un an et demi, des dizaines de milliers de Palestinien·nes massacrés dans un camp de concentration à ciel ouvert et des preuves irréfutables de ce massacre pour que les bourgeoisies au pouvoir consentent à quelques molles condamnations ! Plus tôt dans l’histoire, ailleurs dans le monde, bien d’autres peuples ont fait ou font encore les frais de la barbarie des puissances capitalistes.

Dans le monde entier, nous sommes les témoins du pourrissement de l’ordre bourgeois, de son incapacité à se prétendre garant d’une quelconque civilisation, malgré son récit d’une grandeur passée à reconquérir. En manifestant pour la fin du génocide du peuple palestinien, faisons germer cette idée, qui a déjà pris racine : le salut de l’humanité, ce sont les peuples, leurs résistances, leurs solidarités, leur résilience et leur intelligence collective.

Il en va à présent de la survie de millions d’humains face aux guerres impérialistes, au changement climatique, à l’exploitation du travail et au pillage des ressources. La bourgeoisie a assez joué avec nos vies. Il est temps de lui arracher le pouvoir et de prendre l’avenir en main.


Image d’illustration : « Images from Gaza war 2023-2025 », photographie publiée le 10 février 2025 par Jaber Jehad Badwan (CC BY-SA 4.0)

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