ÉDITO. Musk et Vance, c’est Macron et Le Pen


Par Hadrien Bortot.

Des deux côtés de l’Atlantique, un même combat s’impose contre une classe d’ultra-riches qui s’accapare le pouvoir d’État, détruit nos solidarités et nous entraîne vers l’abîme – social, écologique, militaire, démocratique.

Aux États-Unis, la riposte s’organise. Nos Révolutions publie cette semaine deux discours puissants, ceux d’Alexandria Ocasio-Cortez et de Bernie Sanders le 12 avril à Los Angeles. Ils y dénoncent la prise de pouvoir des grandes fortunes, la corruption des institutions et la complicité d’un establishment qui ne se cache même plus derrière l’idée de protéger le peuple.

Ce qu’ils décrivent, c’est ce que nous vivons aussi ici : mêmes logiques, mêmes visages, même violence sociale masquée par le discours technocratique ou identitaire. Dans les deux pays, les deux partenaires de la même domination s’affichent : d’un côté, un libéralisme autoritaire, qui détruit les services publics et gouverne pour les ultra-riches ; de l’autre, une extrême droite réactionnaire, qui instrumentalise le chaos social pour imposer un ordre raciste, patriarcal et violent.

Aux États-Unis, ces deux partenaires portent des noms : J.D. Vance, vice-président, figure de l’extrême droite identitaire, traditionaliste et guerrière et Elon Musk, entrepreneur libertarien, obsédé par la suppression de toute régulation, de toute redistribution, de toute règle collective.

En France, ce tandem destructeur porte lui aussi ses noms : Emmanuel Macron, président des ultra-riches, architecte d’une austérité permanente aux couleurs de la start-up nation qui détruit l’État social et Marine Le Pen, héritière d’un projet nationaliste et xénophobe, devenue juge de paix du pouvoir en place.

C’est bien un chaos similaire à celui des trumpistes que promeut le gouvernement français. Le 15 avril, François Bayrou annonce un plan d’austérité de 40 milliards d’euros pour le budget 2026, soit 600 € d’économies par Français. Une saignée sociale. De son côté, Bruno Retailleau relance une guerre mémorielle absurde contre l’Algérie, cultivant une nostalgie coloniale qui fracture la société et légitime les discours de haine.

Aux États-Unis, c’est la fin pure et simple de l’État fédéral que veulent imposer Trump, Musk et leurs alliés : plus de redistribution, plus de normes écologiques, plus de droits collectifs. Un Far West numérique, industriel et militaire.

Leur monde est un monde de ruines : la guerre, devenue moteur économique et logique d’État ; l’effondrement écologique, nié ou cyniquement assumé ; la dislocation des sociétés, par la peur, la haine, la surveillance, la guerre et l’ultra-violence d’État.

En France, pendant que Vincent Bolloré façonne les imaginaires à coups de chaînes de désinformation, Pierre-Édouard Stérin finance les réseaux contre les droits des minorités et Marine Le Pen impose ses idées, blanchie par les éditorialistes de CNews.

Aux États-Unis, Thiel, Musk, Trump, financent et structurent une contre-société qui rêve d’un monde sans classes populaires, sans migrants, sans justice sociale — seulement des armes, des capitaux et des algorithmes. J.D. Vance, vice-président de Trump, est l’incarnation d’une droite post-démocratique prête à écraser toute forme de contestation sociale ou culturelle. Nationaliste, ultraconservateur, proche des milieux catholiques intégristes, il promeut une guerre culturelle totale contre les minorités, les droits des femmes, l’immigration et la gauche.

Musk et Vance, c’est Macron et Le Pen : l’un rêve de supprimer tout cadre collectif, l’autre veut le remplacer par un ordre moral brutal, raciste, religieux. L’un détruit, l’autre discipline. Tous deux servent les intérêts d’une oligarchie qui ne supporte plus aucune limite à son pouvoir. Marx l’écrivait déjà dans le Manifeste du parti communiste : « la bourgeoisie, depuis l’établissement de la grande industrie et du marché mondial, s’est finalement emparée de la souveraineté politique exclusive dans l’État représentatif moderne. Le gouvernement moderne n’est qu’un comité qui gère les affaires communes de la classe bourgeoise tout entière.« 

Face à ce capitalisme autoritaire et réactionnaire, il faut un sursaut. Le week-end dernier à Marseille, la rédaction de Nos Révolutions était réunie pour un séminaire de travail. Ce moment d’élaboration éditorial et politique marque une étape essentielle : la construction d’une ligne nouvelle pour un internationalisme populaire.

Un internationalisme des luttes sociales et écologistes, des territoires en colère, des syndicats, des mouvements féministes et antiracistes. Un front large, solidaire et offensif. Il ne s’agit plus seulement de défendre des acquis. Sans propositions de rupture la gauche est vouée à l’échec, sans idéal émancipateur nous ne pourrons sauver ni la planète, ni la démocratie, ni l’idée même d’un avenir commun.


Image d’illustration : « Atlantic Ocean Sunset », photographie du 29 juillet 2015 par Michael A. Orlando (CC BY-SA 3.0)


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