Par Rosa Drif.
Les récentes inondations meurtrières en Espagne, notamment dans la région de Valence, nous rappellent qu’il est urgent de développer partout des politiques écologiques radicales. Avec plus de 200 décès et de nombreux disparus, ces catastrophes climatiques nous posent de véritables défis : scientifiques, politiques et citoyens. Peut-on encore éviter le pire ?
Comment comprendre la tragédie de Valence ? Ce type d’épisode est alimenté par le phénomène de « goutte froide ». Ce dernier se manifeste lorsque des masses d’air froid migrent vers le Sud, se confrontant à l’air chaud et humide de la Méditerranée, ce qui provoque des précipitations intenses. Ce phénomène, amplifié par le réchauffement climatique, engendre des épisodes pluvieux extrêmes, dont l’impact devient chaque année plus dévastateur1.
La hausse des températures en Méditerranée joue un rôle central dans l’intensification de ces événements. Depuis 1850, la température de la mer a grimpé de 1,5°C, augmentant ainsi la capacité de l’atmosphère à retenir l’humidité et, par conséquent, l’intensité des pluies torrentielles2. Cet échauffement progressif des eaux transforme la Méditerranée en un réservoir de chaleur et d’humidité, rendant les épisodes de pluie plus fréquents et bien plus violents3.
Nous le savons, ces événements climatiques intenses sont aggravés par une urbanisation galopante. La bétonisation sans discernement, qui imperméabilise les sols, réduit considérablement la capacité d’absorption naturelle des eaux pluviales. En supprimant les zones de drainage naturelles, cette urbanisation transforme de simples précipitations en torrents dévastateurs, et multiplie les risques pour les habitants et les infrastructures4.
Les inondations révèlent également des inégalités sociales marquées. Les communautés les plus vulnérables, souvent reléguées aux zones à risque en raison de la faiblesse des coûts fonciers, payent un tribut particulièrement lourd lors de ces catastrophes. Ce sont les populations les plus pauvres qui subissent de plein fouet les impacts de l’impréparation urbaine et climatique.
Face à ces tragédies à répétition, l’inaction politique demeure incompréhensible. Malgré les avertissements constants de la communauté scientifique, les gouvernements tardent à prendre des mesures audacieuses pour atténuer les risques et réduire les émissions de gaz à effet de serre. Les influences économiques jouent un rôle déterminant dans cette paralysie, empêchant l’adoption de politiques climatiques robustes et nécessaires5.
Plus que jamais, il est essentiel de repenser radicalement notre rapport à l’environnement et à l’économie. Des politiques publiques qui privilégient la durabilité écologique et la justice sociale sont indispensables. Cela implique une réduction massive des émissions de CO2, une régulation stricte de l’urbanisation et un soutien accru aux communautés vulnérables. Ces inondations doivent être un catalyseur pour des politiques climatiques intégrées et proactives, tant pour atténuer que pour s’adapter aux effets du changement climatique.
La France n’est pas à l’abri : avec ses 5 500 kilomètres de côtes, dont une partie importante en Méditerranée, elle pourrait bientôt faire face à des événements similaires si des mesures concrètes ne sont pas prises. Le temps presse, et chaque décision politique prise aujourd’hui influencera le degré de préparation aux catastrophes futures.
- InSHS. Le réchauffement climatique augmente la fréquence des inondations en Méditerranée. ↩︎
- France TV Info. Inondations : quand le danger vient de la Méditerranée. ↩︎
- France 24. Changement climatique, urbanisation… Le risque d’inondations pèse aussi sur la France. ↩︎
- L’insoumission. Inondations en Espagne : face à l’effondrement climatique, l’inaction politique tue.
Et France 24. Inondations en Espagne : comment expliquer un bilan humain si élevé ? ↩︎ - France TV Info. Inondations en Espagne : le réchauffement climatique a rendu les pluies sur Valence 12% plus violentes. ↩︎
Image d’illustration : « Cotxes arrossegats per la DANA 2024 en un carrer de Catarroja », photographie du 31 octobre 2024 par Manuel Pérez García et Estefania Monerri Mínguez (CC BY-SA 4.0)