Barnier, un commissaire européen validé par le RN


Par Hadrien Bortot.

Le nouveau Premier ministre Michel Barnier, figure de proue de la droite européenne, a reçu le quitus de l’extrême droite française. Dans un tweet, Marine le Pen affirme qu’il correspond au premier critère posé par le Rassemblement National, celui d’être respectueux de l’extrême droite qu’elle incarne.

Barnier coche sûrement beaucoup plus de cases. Il a défendu des positions rétrogrades, anti-femmes et homophobes tout au long de sa vie politique. Lors de la dernière primaire de la droite, il s’est converti au référendum sur l’immigration et à la fermeture des frontières. Toute la droite, du RN à Macron en passant par Les Républicains, a trouvé un champion commun.

La cohérence politique de Barnier, est celle d’un technocrate, commissaire européen au service du projet libéral. Il symbolise ces fondés de pouvoir du capital qui ont soumis les peuples européens à la moulinette libérale et à l’austérité.

Deux mandats de commissaire européen

La vie politique de Barnier sur la scène européenne débute en 1999, lorsqu’il est nommé commissaire européen à la politique régionale. Il participe alors à la rédaction du projet de Constitution européenne aux côtés de Giscard d’Estaing, comme représentant de la Commission.

Son second mandat (2010-2014), en tant que commissaire au Marché intérieur et aux Services, est marqué par son ambition de relancer le marché unique après la crise financière de 2008. Mais au lieu de tirer les leçons de cette crise et de proposer des réformes en faveur des travailleurs, il se concentre sur la libre circulation des services financiers et des marchés publics, renforçant le pouvoir des grandes entreprises et délaissant la protection sociale. La gestion de la propriété intellectuelle et des qualifications professionnelles devient un instrument pour standardiser l’Europe au service des entreprises, éloignant encore plus les citoyen·nes des décisions politiques.

Monsieur Brexit

En 2021, il est nommé négociateur en chef pour l’UE durant le Brexit. Pendant quatre ans, Barnier mène des négociations acharnées pour préserver l’intégrité du marché unique. Son objectif est clair : défendre les intérêts du marché européen et des grandes banques d’affaires en faisant payer les classes populaires britanniques pour leur vote. Bien qu’il ait abouti à un accord de 1 500 pages régissant les relations entre l’UE et le Royaume-Uni à partir de 2021, celui-ci ne fait que cimenter un cadre technocratique, dénué de véritable réflexion sur les inégalités sociales exacerbées par le projet européen actuel. 

Le RN, roue de secours de l’Europe néolibérale

Par sa validation tacite de Michel Barnier, le Rassemblement National fait une nouvelle fois la démonstration qu’il souscrit à une construction européenne au service des intérêts capitalistes. Moyennant quelques libertés nationales sur des lois racistes, Le Pen et Bardella, comme Meloni en Italie, s’accommodent une Europe construite par et pour les marchés.

L’écran de fumée autour du Rassemblement National comme porteur d’une alternative sociale pour les français se dissipe de plus en plus. Avec Barnier, nous aurons la retraite à 65 ans, la baisse de la dépense publique, les cartes vitales biométriques pour chasser les “fraudeurs”, le maintien de la Ve République telle qu’elle est. Une politique de droite contre les intérêts du peuple, qui lui continue de demander des hausses de salaire, la démocratie et le droit de vivre dans la dignité.


Image d’illustration : « Marine Le Pen in May 2024 » par Vox España (CC0 1.0) et « EPP Summit March 2010 » par European People’s Party (CC BY 2.0)


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