ÉDITO. D’Élisabeth Borne à Gabriel Attal, le macronisme est nu


Par Hadrien Bortot.

Élisabeth Borne a laissé la place à Gabriel Attal. Le président Macron a épuisé son troisième Premier ministre, après deux barons issus de la droite, Édouard Philippe puis Jean Castex. Démarrée avec la réélection d’Emmanuel Macron, la mission d’Élisabeth Borne s’est terminée sur l’adoption de la honteuse loi Immigration.

Borne était une “techno”, une polytechnicienne passée par les cabinets ministériels socialistes et les grands opérateurs publics. Elle a longtemps été présentée par les éditorialistes comme une femme de gauche. Son principal mérite aura sûrement été de faire enfin la démonstration qu’une femme peut occuper la fonction de Première ministre sans qu’un procès en incompétence ne lui soit fait chaque matin.

Serviteure appliquée du programme de Macron, elle aura poussé jusqu’à l’absurde l’asservissement du Parlement à la monarchie présidentielle, en ayant recours 23 fois à l’article 49-3 de la Constitution.

Celle qui a mené sans états d’âme la réforme des retraites et la loi Immigration, a fini de dissiper toute illusion sur une supposée “aile gauche” de la Macronie. Tous les participants au projet macroniste, quel qu’ait été précédemment leur parcours, sont les promoteurs d’une politique ultra-agressive envers les classes populaires, les principes de liberté et d’égalité. Les votes depuis 2022 au Parlement, main dans la main avec la droite et jusqu’à son extrême, de mesures libérales mais aussi chauvines et autoritaires, en attestent.

Gabriel Attal, c’est la suite logique du macronisme. Le nouveau premier ministre fait remonter ses premiers engagements à la manif de 2002 contre Le Pen. Quelle déchéance ! 20 ans après, il prend la suite d’un gouvernement qui vient d’inscrire dans la loi la préférence nationale.

Ancien militant du Parti Socialiste, passé par le cabinet de Marisol Touraine, porte-parole de la majorité, puis du gouvernement, il est le macroniste par excellence, symbole d’une certaine arrogance et d’une profonde déconnexion.

À titre d’exemple, il est le député rapporteur de la loi ORE, qui a créé Parcoursup, alors même qu’il a effectué toute sa scolarité dans l’enseignement privé, à l’École Alsacienne – établissement du 6e arrondissement de Paris réservé à une petite élite – avant d’aller sur les bancs de Sciences Po.

Récent ministre de l’Éducation nationale, les enseignant·es et la communauté éducative ne garderont pas de grands souvenirs de ce spécialiste des petits coups de communication comme la promotion du SNU, le retour de l’uniforme à l’école et l’interdiction du port de l’abaya.

Avec Gabriel Attal le macronisme est nu. Il apparaît aux yeux du plus grand nombre pour ce qu’il est : un projet politique au service du capital, consistant en une défense acharnée des intérêts de la bourgeoisie, prête à jeter par-dessus bord l’attachement aux principes démocratiques et aux libertés individuelles au profit d’un roman national-chauvin en rupture avec l’héritage des Lumières.


Image d’illustration : Gabriel Attal, le 24 janvier 2019 à Angoulême, par Selbymay (CC BY-SA 4.0)


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