La lutte des classes fait rage


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Cet article du 7 septembre 2025 is excerpted from Patrick Le Hyaric’s weekly letter. Click here to read the full letter for this week, and here to subscribe to it.

Voilà relancée une nouvelle séquence du charivari politicien, ce spectacle dans lequel les dominants mélangent la peur, les mensonges, les tactiques improbables, les mobilisations politiciennes, les coups bas, l’expulsion du brouillard idéologique en faveur des dominants et des possédants.

Pendant le spectacle, les forces du capital cherchent à gagner du temps, cherchent de nouvelles combinaisons jusqu’aux moyens permettant à l’extrême droite d’accéder au pouvoir à la faveur d’une dissolution. Nicolas Sarkozy, qui, après avoir reçu Bardella en début d’été est de sortie dans les pages du Figaro pour faciliter la manœuvre. Le projet pour demain ou après-demain est le grand rassemblement des droites sous la direction du RN/FN.

Il est tout à fait symptomatique que les médias du capital ont multiplié articles et reportages ces derniers jours sur les prétendues « prouesses » de la présidente d’extrême droite du conseil Italien.  Jetés aux orties, les Berlusconi et autres Mario Monti qui hier avaient leurs faveurs, car Mme Méloni assure « la stabilité », « une bonne gestion », « réduit la dette », « se situe dans le cadre de l’Union »…

Le contexte : le mouvement populaire leur fait peur

Macron et Bayrou se sont donc mis d’accord cet été au Fort de Brégançon pour le scénario en cours. Ils ont accéléré le mouvement quand ils ont découvert le communiqué de l’intersyndicale et la pétition que celle-ci a mise à disposition des travailleuses-travailleurs et des citoyens et l’appel du mouvement populaire du « 10 septembre ». Ceci survenant après deux événements marquants de l’été : le mouvement populaire contre la loi Duplomb et les révélations de la commission sénatoriale poussées par Fabien Gay, sénateur et directeur de L’Humanité, révélant l’ampleur des aides publiques aux entreprises sans contrôle, ni contreparties.

Dans les deux cas, les puissances industrielles et financières ont été prises de court et ont été incapables de répliquer avec des arguments solides. Les forces du capital et leur porte-voix redoutent par-dessus tout un mouvement social, pour la justice qui inévitablement amènera à se poser des questions politiques sur le « faire autre chose et autrement ». Ce devrait être avec celui de la paix, et du combat contre l’extrême droite au service des nouveaux prédateurs le thème principal de la Fête de L’Humanité.

Une bataille idéologique de forte intensité

Depuis la première seconde de leur décision Macron et Bayrou connaissent le résultat du vote à l’Assemblée nationale. Ils ont mis à profit ces journées pour une bataille idéologique sans précédent. Le Premier ministre en a pris la tête, multipliant les apparitions à la télévision et dans un maximum d’événements publics.

Entre ses causeries que personne n’écoute ni ne croit, il signe des décrets ici pour réduire l’aide médicale d’État, là pour doubler les franchises médicales. Pendant ce temps, la Commission européenne signe le traité MERCOSUR et le complexe militaro-industriel se délecte en silence du record d’exportation d’armes avec une prise de commande de 21,6 milliards, dont des exportations vers Israël pour la somme de 27,1 millions €. Au total, il engrange un peu plus de 40 milliards d’€.

Pendant ce temps, les licenciements se poursuivent, Petit Bateau est absorbé par un fonds financier américain. La guerre fait rage en Ukraine et Gaza est laminée, anéantie, par les forces coalisées des droites fascisante américaines et israéliennes. Elles engagent une nouvelle bataille pour effacer jusqu’à l’idée de Palestine, de peuple palestinien. Bref, la France saigne sous la domination du capital. Le duo de l’exécutif cherche le moyen politique de faire perdurer le système. Mis à part la militarisation et l’appel à la guerre, le pouvoir n’engage aucun débat public, aucune initiative sérieuse permettant à la France de jouer un rôle dans le cadre d’une grande diplomatie de paix et d’une diplomatie écologique. Bien au contraire, les gesticulations autour de la fameuse coalition de protection de l’Ukraine comportent en l’état plus de dangers que de garanties véritables. Du reste il est tristement intéressant de noter que de mêmes efforts ne sont pas déployés pour protéger les Palestiniens !

La mobilisation d’une cohorte d’éditorialistes, de spécialistes en finance et en dette et autres donneur de leçons pour conforter le discours bayrouiste est impressionnante comme l’a été celle qui a prétendu rendre compte du sommet de l’organisation de coopération de Shanghai (OSC) à Pékin et le défilé militaire célébrant le 80ème anniversaire de la victoire sur le fascisme et l’occupant Japonais. Mais les téléspectateurs auront entendu des tombereaux de critiques contre les dirigeants Chinois sans jamais savoir de quoi il s’agissait exactement.

Revenons à l’organisation par les forces de l’argent de la suite de Bayrou. Quels déchaînements ! Il ne faut pas sous-estimer l’ampleur des moyens mis en œuvre. Bayrou va quitter Matignon comme il le souhaite lui-même, mais sa politique perdurera si nous ne sommes pas capables de conforter un mouvement populaire majoritaire conscient en faveur d’autres choix.

Les chiens de garde du système sont de sortie

Voici quelques exemples de la propagande du capital. Sur BFM l’éditorialiste économique JM Sylvestre explique  « Je ne comprends pas ce tsunami de critiques contre l’action du Premier ministreBayrou est assez cohérent sur le fond. Le diagnostic est vrai, il est bon. La majorité des économistes est à peu près d’accord » puis il rend le mouvement des Gilets Jaunes responsable de l’endettement. Cela aurait coûté 12 milliards et nous aurions utilisé les aides d’État durant le Covid pour épargner plutôt que consommer. 

Sur LCI, c’est Guillaume Roquette rédacteur réactionnaire du Figaro qui vante un « budget équilibré » porté par un Premier ministre « rassembleur, constructif, ordonné, à l’écoute ». Par contre le problème selon lui, c’est que «  cette logique constructive est totalement en rupture avec l’état de crispation paroxystique des partis politiques qui n’ont qu’une obsession : faire tomber le gouvernement. »

Aucune de ces bonnes âmes journalistiques ne parle de justice fiscale, des 211 milliards d’aides publiques aux grandes entreprises, d’évasion fiscale ; de taux d’intérêts prohibitifs et de ses mécanismes de transfert de fonds publics vers les institutions financières.

Et puis il y a les menaces, les peurs surjouées comme celles de F. Lenglet avec son ton professoral qui pleure sur la perte de souveraineté qui oblige à « implorer les créanciers de prêter. »

Georges-Marc Benamou devenu chroniqueur à LCI après avoir été au cabinet de N Sarkozy assure qu’ « Il n’y a pas de prise de conscience de cette situation objectivement inquiétante. C’est comme si les Français avaient besoin de bouger devant une crise. Quand on tapera sur leur retraite, quand le FMI sera aux portes de Paris, là, il y aura peut-être une prise de conscience. » Et ce jour-là, l’autre inénarrable donneur de leçons télévisuelles Pascal Perri, insiste : « Les Français, c’est un peuple de choc. Il faut qu’il y ait des chocs, que le pays s’effondre, qu’on ne soit plus en état de financer la santé publique, qu’il manque des traitements anticancéreux, que les retraites ne soient pas payées pour qu’il y ait une réaction. »

Le mépris de classe est une seconde nature chez ces gens-là. Tous ces pédagogues du capital, pétri d’un mépris de classe aigu savent que Bayrou va devoir quitter Matignon. Ils le disent. Ils le clament. Ils ne le défendent pas. Ils défendent une politique de classe et appelle à ce que l’on trouve « quelqu’un qui mette de l’ordre, qui soit une garantie sûre pour le forces du capital.

Ils sont prêts à tout

Une politique de classe, c’est celle qui spolie nos concitoyens de leurs biens et limite leurs droits fondamentaux à la santé, au travail, à l’éducation qui refuse d’augmenter d’un seul centime la fiscalité du capital. L’un des porte-voix du système membre de la caste Madame Nathalie Saint-Cricq l’a confirmé sur France Info il y a quelques jours en expliquant qu’il fallait chercher l’oiseau rare « L’oiseau rare se trouve à l’extérieur, il faudrait un Jean Castex de l’économie » a-t-elle dit.

Pour le cercle de la raison, donc un gouvernement technique afin de poursuivre une politique en faveur du grand capital.


Image d’illustration : « Le plateau secondaire de la chaîne française d’information en continu i>Télé », photographie d’avril 2009 par Bapti (CC BY-SA 4.0)

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