La République arme le génocide, les dockers résistent


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Alors que le gouvernement israélien poursuit son entreprise de destruction méthodique de Gaza – 53 655 personnes tuées d’après l’Unicef, des famines organisées, des hôpitaux rasés – la France s’apprête à lui livrer des composants pour mitrailleuses, fabriqués par la société marseillaise Eurolinks. Le contrat, révélé par Disclose, est la troisième expédition de ce type entre Fos-sur-Mer et Haïfa depuis le début de l’année 2025.

Il devait être exécuté demain, jeudi 5 juin, mais les dockers ont choisi de mettre le conteneur sur le côté et de refuser de le charger, comme l’a annoncé le syndicat CGT. Nous saluons cette prise de position courageuse.

De fait le cynisme de l’exécutif, dont l’autorisation est requise pour ce type de transaction, est total. Tandis que l’Élysée prétend soutenir un « cessez-le-feu immédiat », ses services organisent le réarmement d’un État criminel. Au moment même où l’opinion se retourne et où les résistants de la vingt-cinquième heure émettent des protestations timides, l’administration s’affaire à charger les palettes.

Il faut le dire avec clarté : cette livraison fait de la France une complice active du massacre. Elle n’est pas une erreur, ni une bavure bureaucratique, mais le résultat logique d’un alignement stratégique sur les puissances de l’Otan et d’une soumission croissante aux intérêts de l’industrie d’armement. Elle est la contrepartie militariste de la criminalisation du soutien à la cause palestinienne sur notre sol.

Dans une démocratie authentique, ces décisions devraient être prises en toute transparence, soumises à débat public et à contrôle parlementaire. Dans la Ve République, elles sont prises en catimini, entre les salons des industriels et les couloirs de la défense. Voilà pourquoi, au-delà du retrait immédiat de cette autorisation d’exportation, il y a urgence à changer de régime : la République des marchands de canons n’est pas la nôtre.


Image d’illustration : « Terminal Conteneurs », photographie du 26 janvier 2012 par Joël Galeran (CC BY-NC 2.0)

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