La Cour des comptes alerte sur une situation financière préoccupante de la Sécurité sociale, avec un déficit estimé à 18 milliards d’euros en 2024 et des projections atteignant 28,4 milliards d’euros en 2025 sans mesures correctives . Elle souligne une trajectoire « non soutenable » des comptes sociaux, fragilisant la Sécurité sociale, dans un rapport publié le 26 mai dernier.
L’alerte de la Cour des comptes, relayée par son président Pierre Moscovici, sur une prétendue « crise de liquidités » de la Sécurité sociale s’inscrit dans une rhétorique libérale désormais bien rodée : celle de l’austérité appliquée aux conquis sociaux. En appelant à réduire les dépenses sociales pour rétablir l’équilibre budgétaire, Moscovici ne fait que réactiver un vieux discours libéral.
Dans un contexte marqué par une inflation persistante et une précarisation croissante des classes populaires, ces injonctions à « faire des économies » sont non seulement socialement injustes, mais politiquement violentes. Elles consistent, en réalité, à faire payer la crise aux travailleur.ses, aux retraité·es et aux précaires — soit à celles et ceux que la Sécurité sociale est censée protéger !
Cette remise en cause de la solidarité organisée n’est pas une fatalité économique mais un choix politique : celui de préserver les intérêts du capital en comprimant les dépenses publiques et en encourageant le recours aux assurances privées. Cette logique participe d’un mouvement plus large de marchandisation des biens communs — santé, retraite, chômage — où tout ce qui échappe au marché est vu comme un coût à réduire.
Il est temps d’en finir avec cette chansonnette libérale. La Sécurité sociale n’est pas en crise : ce sont les recettes qui sont asphyxiées, notamment par les exonérations de cotisations patronales. Ce ne sont pas les droits qu’il faut rogner, ce sont les profits qu’il faut taxer. La question du financement de la Sécurité sociale est donc, fondamentalement, une question de choix de société.
Cette année plus que jamais, il est de notre devoir de la défendre, et même de l’étendre. Nous célébrons en effet les 80 ans de la Sécurité sociale, créée en 1945 après la victoire sur le nazisme. 80 ans plus tard, la Sécurité sociale reste un projet profondément moderne et révolutionnaire, pour lequel nous devons reprendre l’offensive !
Image d’illustration : « Pierre Moscovici. Premier président de la Cour des comptes », photographie du 3 décembre 2019 par Cour des Comptes (CC0 1.0)