Par Noâm Korchi.
Des mois de bombardements incessants, des hôpitaux anéantis, des familles exterminées, et plus de 15 000 enfants tués par les bombardements de l’armée israélienne. Des mois durant lesquels le blocus israélien a continué de priver la population de médicaments, de vaccins et de produits de première nécessité.
C’est dans ce contexte tragique qu’Emmanuel Macron, lors de sa visite à El-Arish le 8 avril, a déclaré que la situation à Gaza était devenue « intenable ». Il a alors annoncé la tenue, en juin, d’une conférence internationale à New York sur l’avenir de Gaza1 – une initiative qui ne manquera pas d’intéresser Donald Trump, soutien du gouvernement israélien, qui porte avec insistance un projet de « Riviera » à Gaza2. Cette conférence, coprésidée par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, se veut un espace de « rapprochement des positions des différents acteurs » et une tentative de relancer un processus de paix.
Mais après un interminable silence, coupable, cette prise de parole du chef de l’État français sonne creux, dérisoire alors que le gouvernement israélien d’extrême droite bafoue chaque jour un peu plus le droit international et poursuit, en toute impunité, un génocide, sous les yeux du monde entier.
Au-delà des mots, quelle action concrète émerge au service de la paix ? La reconnaissance d’un État palestinien n’est-elle qu’une simple manœuvre diplomatique pour E. Macron ? une concession tardive destinée à apaiser les critiques croissantes qui lui sont faites et tenter de replacer la France au cœur de la diplomatie internationale ? Que vaut cette promesse si elle n’est suivie d’aucune mesure concrète ? Où sont les leviers diplomatiques, les sanctions, la pression sur Israël et son allié états-unien pour faire respecter le droit international et mettre fin à l’impunité de Benjamin Netanyahou3 et de son gouvernement ?
Lorsque le Président affirme que la reconnaissance de l’État palestinien interviendra « à un moment donné, parce que ce sera juste », on ne peut s’empêcher de s’interroger : pourquoi ne l’est-ce pas déjà ? Pourquoi attendre encore, alors que 147 pays dans le monde ont déjà franchi ce pas, et notamment l’Espagne, l’Irlande et la Norvège en mai dernier4 ?
À Gaza, on ne meurt pas de l’absence de conférences internationales ou de promesses de paix mais de l’indifférence, de la passivité internationale et d’une politique d’extrême droite décomplexée et visant à éradiquer le peuple palestinien. Plutôt que de manœuvres et de jeux diplomatiques, il est grand temps qu’un engagement concret voit le jour. Pour le peuple palestinien, pour la paix et contre l’extrême droite qui, en Israël comme ailleurs, fait le lit de la haine et de la violence.
- https://www.humanite.fr/monde/emmanuel-macron/on-doit-aller-vers-une-reconnaissance-macron-pret-a-reconnaitre-un-etat-palestinien ↩︎
- https://www.humanite.fr/politique/benyamin-netanyahou/lignominie-dune-riviera-sur-le-tombeau-des-gazaouis ↩︎
- https://www.mediapart.fr/journal/international/080425/arreter-benyamin-netanyahou ↩︎
- https://www.lemonde.fr/international/article/2024/05/22/l-espagne-l-irlande-et-la-norvege-decident-de-reconnaitre-ensemble-la-palestine-comme-un-etat_6234803_3210.html ↩︎
Image d’illustration : « Images from Gaza war 2023-2025 », photographie publiée le 10 février 2025 par Jaber Jehad Badwan (CC BY-SA 4.0)