Par Patrick le Hyaric.
Cet article du 25 janvier 2025 est extrait de la lettre hebdomadaire de Patrick Le Hyaric. Cliquez ici pour lire la lettre de la semaine, et ici pour vous y abonner.
On ne sait pas si l’histoire retiendra de ce début d’année une profonde plongée dans les noirceurs politiques ou si les gros monstres qui s’en nourrissent ne vont pas provoquer des réactions populaires en chaîne de rejet et de recherche d’issues au capitalisme mondialisé. Les forces démocratiques et progressistes ont le devoir de faire se lever de ce triste paysage un mouvement pour la démocratie et le progrès social, humain et écologique. Leur rassemblement pour ce qui est essentiel, la démocratie, la liberté, la justice sociale et environnementale, la paix, la fraternité entre les peuples, doit se faire vite et large.
Empereur et bouffon à la fois, les nouveaux locataires de la Maison Blanche ne sont pas seulement des individus à regarder, à commenter, des bateleurs dont il faudrait rendre compte instant après instant des méfaits pour, au bout du compte, accepter et faire accepter ailleurs, donc ici des politiques de moindre mal. Non, ils sont des monstres politiques à combattre dans l’unité. Des matamores sur lesquels il faut déciller les yeux de nombre de nos compatriotes en recherche « d’autre chose ».
Ce sont les prétendus politiques de moindre mal qui accouchent de ces monstres qu’une partie de nos savants politiciens et leurs serviteurs à plume et à perche à micro trouvent des excuses ou cherchent des interprétations à un salut nazi.
La gauche, les démocrates, les républicains ne doivent pas sous-estimer l’indignation que susciteront immanquablement le duo Trump-Musk et les onze milliardaires qui vont constituer l’ossature de la nouvelle administration américaine : leur absence totale de morale, leur mépris absolu du droit, leur indifférence aux autres et à l’humanité.
L’indignation que leur politique ne manquera pas de faire naître au cœur de millions et de millions d’êtres humains pourrait rapidement devenir une force pour un renversement des bases du système en un processus communiste qui cherche sa voie dans les plaies purulentes d’un monde où les richesses pillées puis accumulées par une infime minorité sont de moins en moins acceptées. Le prétendu ruissellement ne provoque que sécheresse dans les foyers de travailleurs et de retraités.
Le nouveau rapport d’OXFAM vient de révéler que les cinq hommes les plus riches du monde ont plus que doublé leur fortune en termes réels depuis 2020, passant de 405 milliards de dollars à 869 milliards de dollars. Leur fortune progresse au fulgurant rythme de 14 millions de dollars par heure. En revanche, la richesse combinée de près de 5 milliards de personnes parmi les plus pauvres n’a pas augmenté du tout.
Sept des dix plus grandes multinationales du monde ont un PDG milliardaire ou un milliardaire comme actionnaire principal. 148 des plus grandes entreprises mondiales (pour lesquelles des données sont disponibles.) ont réalisé des bénéfices d’environ 1 800 milliards de dollars au cours des 12 mois précédant juin 2023, soit une augmentation de 52,5 % par rapport au bénéfice moyen de la période quadriennale 2018-21.
Entre juillet 2022 et juin 2023, pour chaque tranche de 100 dollars de bénéfices générés par 96 des plus grandes entreprises mondiales, 82 dollars ont été versés aux actionnaires sous forme de dividendes ou de rachats d’actions. Tel est le haut niveau de l’exploitation capitaliste
Si tout ceci était connu, les peuples seraient ensemble en révolution. Nous avons donc le devoir de le faire connaître. L’information peut être révolutionnaire.
Aux États-Unis, c’est une partie de cette nouvelle caste qui va gouverner. Qui dit que le peuple américain acceptera longtemps d’être gouverné par ceux qui lui mènent une violente lutte de classe, une guerre sociale sans merci. En-tout-cas, nous devrions nous porter aux côtés des travailleurs, de la jeunesse, des femmes américaines. Au-delà, à l’internationale de la nouvelle réaction et du proto-fascisme, il faudrait opposer une internationale de la démocratie, de la justice et de la paix.
Rien n’est certain. Tout est à faire. Tout est affaire de communs combats. Celui pour la justice et l’égalité des droits est aussi celui qui permettra d’enfouir les terreaux fumants des extrêmes droites ici et là-bas.
Au moment où les fractures sociales et démocratiques génèrent ces monstrueuses créatures qui montent sur scène dans le plus puissant pays capitaliste du monde pour pousser encore plus loin la loi de la jungle de ce système mutant en techno féodalisme libertarien le questionnement de nos formes politiques va grandir. L’indignation peut alors devenir féconde.
Des crachats trumpiens, il faut retenir les gouttes qui disent beaucoup : quand Trump considère sans rire que Kamala Harris est communiste, lorsqu’il conteste un meilleur système de santé au nom du rejet du communisme, ne nous dit-il pas quelque chose de ce qui a été conquis ? Ne nous dit-il pas que l’opposé du capitalisme libertarien et de l’impérialisme, qui en est son stade suprême, est le communisme.
N’est-ce pas une invitation à bêcher sans relâche le processus communiste au sens Jaurésien et Marxien : celui de transformer jour après jour les réalités et les consciences, en s’appuyant sur tout ce qui se fait déjà et que le pouvoir comme les extrêmes droites veulent démolir. Ce débat est d’actualité. Les actions pour le faire vivre, même par ceux qui n’emploient pas ce mot, aussi.
Image d’illustration : « Trump Inauguration Rally », photographie du 19 janvier 2025 par Victoria Pickering (CC BY-NC-ND 2.0)