ÉDITO. Réforme des retraites : le Gouvernement en péril, l’extrême-droite en renfort


Par Marie Jay.

Lundi, à l’Assemblée nationale, la gauche défendait un amendement crucial : abroger la réforme des retraites, via  le Projet de loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2025.

Mais face à elle, une alliance entre macronistes et lepénistes a anéanti cette perspective. Les votes coordonnés de 91 députés du Rassemblement national (RN), 60 députés macronistes, et leurs alliés (27 de la Droite Républicaine, ex-LR, 24 du MoDem, et 20 d’Horizons) ont ainsi verrouillé la réforme de 2023, contre l’intérêt populaire.

On pourrait s’étonner de ce rapprochement, alors que le RN prétend vouloir abroger la réforme dans sa propre niche parlementaire. Pourtant, cette alliance éclaire sans ambiguïté leurs priorités : maintenir les reculs sociaux au profit des logiques financières et des fonds de pension, plutôt que répondre aux revendications populaires.

La manœuvre se dévoile d’autant plus quand cette même coalition s’unit pour rejeter le rétablissement de l’ISF dans le projet de loi de finances pour 2025, que la gauche proposait d’assortir d’une prise en compte de l’empreinte carbone. Là encore, le RN a mobilisé près de la moitié de ses troupes pour sauver un gouvernement affaibli par l’absentéisme massif de ses propres député·es.

Si le gouvernement doit faire bloc avec l’extrême-droite, c’est bien parce qu’il n’a plus de majorité stable. Le rejet du budget 2025 de la Sécurité sociale en commission vient confirmer cette faiblesse. Il est essentiel d’éclairer quelques-unes de ses mesures : sous prétexte de « rétablir l’équilibre », ce texte impose un allongement du délai de carence des fonctionnaires de un à trois jours avant le versement des indemnités journalières en cas de maladie, et prévoit de baisser la prise en charge de l’Assurance maladie de 70% à 60%.

Le but ? Transférer encore davantage de frais de santé vers les complémentaires privées et faire peser les 40 milliards d’euros d’économies sur les patient·es et les salarié·es. Cette alliance de circonstance, qui pouvait autrefois surprendre, prend aujourd’hui tout son sens.

Plus le gouvernement se fragilise, plus les ponts entre la macronie et le RN se consolident, dessinant une nouvelle ligne politique : une macronie prête à se rallier aux thèses de l’extrême-droite pour se maintenir au pouvoir, et un lepénisme qui compte bien montrer patte blanche aux entreprises pour y accéder.


Image d’illustration : « Budget », par Nick Youngson (CC BY-SA 3.0)


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