Déclaration publiée le 5 juillet 2024 sur Nos Révolutions.
Nous, élu·es français·es de gauche et écologistes, étions présent·es à Istanbul en Turquie, le vendredi 28 juin dernier, lors de la 3ème audience du 5ème procès de Pinar Selek, afin de lui témoigner notre pleine et entière solidarité.
À l’heure où notre pays est menacé par les solutions autoritaristes et racistes, déjà à l’œuvre en Turquie, nous revenons de ce voyage avec une motivation renforcée et la ferme intention d’alerter nos concitoyen·ne·s sur les fonctionnements des régimes autoritaires en place et la manière dont ils traitent leurs opposant·es.
Pinar Selek, sociologue franco-turque, fait l’objet d’accusations montées de toute pièce de la part de l’État turc qui la poursuit depuis plus de 26 ans pour « tentative d’assassinat » et « acte terroriste » alors que l’explosion en cause de 1998, au marché aux épices d’Istanbul, a depuis été reconnue lors des 4 précédents procès comme un accident lié à l’explosion d’une bouteille de gaz.
L’acharnement de la Turquie à poursuivre encore Pinar Selek, pourtant acquittée 4 fois, est en réalité, la volonté farouche de faire taire cette sociologue féministe engagée qui met en lumière sans relâche, grâce à ses travaux de recherche universitaire, les populations opprimé·es et victimes de discriminations. L’intellectuelle, réfugiée en France depuis de nombreuses années, chercheuse à l’université de Nice, est victime d’une véritable cabale pour ses travaux de recherche sociologique.
Les tyrans haïssent et tentent de museler celles et ceux qui lèvent le voile des pouvoirs autoritaires et s’engagent pour le progrès humain. L’inscription sur le fronton de la cour du tribunal turc ne laisse pas de place au doute : « La justice est le fondement de la propriété ». C’est bien la propriété, ou plutôt les propriétaires et leur régime, qu’il s’agit de protéger dans ces actions judiciaires invraisemblables. Acquittée à 4 reprises au cours des 25 dernières années, elle fait pourtant toujours l’objet de poursuites par le gouvernement, qui ne lui accorde même pas le droit élémentaire de vivre libre, après 26 ans de harcèlement judiciaire. Elle risque la prison à perpétuité.
Avec l’aide de ses avocat·es et de ses soutiens à travers le monde, Pinar Selek continue pourtant de résister à cette oppression et représente un immense symbole pour toutes celles et tous ceux qui luttent pour leur liberté et leurs droits.
Nous restons plus que jamais mobilisé·es aux côtés de Pinar Selek, et puisque le verdict d’acquittement tant espéré a été une nouvelle fois reporté, nous serons présent·es le 7 février 2025, pour la nouvelle audience et appelons l’ensemble des personnes attachées aux libertés et droits humains à participer aux actions de solidarité, tant qu’il le faudra afin que Pinar Selek obtienne enfin justice !
Et en France, conscient·es des dérives possibles, nous ferons tout pour qu’un régime du même type que celui d’Erdogan ne puisse pas advenir !
Signataires
Véronique BERTHOLLE, Adjointe à la Maire de Strasbourg (67) en charge des Relations Transfrontalières, Européennes et Internationales
Sophie BOURNOT, Conseillère municipale de La Trinité (06) déléguée à l’Égalité et la Laïcité
Laureen GENTHON, Conseillère départementale des Hauts-de-Seine (92), Adjointe au Maire de Nanterre chargée des Droits des Femmes
Abdelkarim RAMDANE, Adjoint à la Maire de Strasbourg (67) en charge de l’état civil, des élections, du funéraire et de l’accueil des populations, Conseiller de l’Eurométropole de Strasbourg.
Raphaëlle REMY-LELEU, Conseillère de Paris (75), Vice-Présidente d’ECVF (Elu·e·s Contre les Violences faites aux Femmes), Les Écologistes
Jean-Luc ROMERO-MICHEL, Adjoint à la Maire de Paris (75) en charge des Droits Humains, de l’Intégration et de la Lutte contre les Discriminations
Image d’illustration : Pinar Selek, photographie par Laureen Genthon