Par Gaëlle Antoine.
Le soulèvement des étudiant·es pour la Palestine aux États-Unis est sans précédent depuis la mobilisation contre la guerre du Vietnam. Ces mobilisations s’inscrivent dans le mouvement général de libération de la Palestine et s’ajoutent à de nombreux mois de lutte pour un cessez-le-feu à Gaza. Les manifestations étudiantes ont débuté à l’Université de Columbia à New York, et se sont rapidement propagées tant au niveau national qu’international.
Amira, doctorante en biologie, dont les deux parents sont Palestiniens, explique que sa génération aux États-Unis a été marquée par les fusillades dans les écoles, la pandémie et le mouvement Black Lives Matter (BLM). Selon elle, ces événements ont révélé que le gouvernement privilégie les profits au détriment du bien-être de son peuple. Par conséquent, il n’est pas surprenant pour elle que la jeune génération ne soit pas dupe face à la propagande et accuse ouvertement le gouvernement de soutenir les actions génocidaires d’Israël contre les Palestinien·nes.
Aux États-Unis, comme en France, la participation des étudiant·es à un mouvement social a un fort impact dans l’opinion, et les gouvernements se savent menacés. Ainsi, la répression a passé un cap de violence ces dernières semaines, avec notamment des centaines d’arrestations. Des étudiant·es pro-palestinien·nes sont menacé·es par les administrations de leurs universités et un certain nombre d’entre elles et eux ont déjà été renvoyé·es et ne pourront pas obtenir leur diplôme.
Au Texas, le gouverneur Républicain ultraconservateur Greg Abbott a récemment réformé la loi sur la liberté d’expression dans les universités en ciblant spécifiquement deux organisations étudiantes pro-palestiniennes, le Comité de Solidarité Palestinienne (PSC) et les Étudiants pour la Justice en Palestine (SJP), les accusant sans fondement autre que le racisme d’antisémitisme. Ces accusations sont nombreuses aux États-Unis, mais les militant·es de l’organisation juive anti-sioniste Jewish Voice for Peace (JVP) dénoncent un amalgame raciste et soutiennent activement la cause palestinienne, notamment sur les campus.
S’il n’est pas surprenant que les Républicains s’opposent au mouvement de libération pour la Palestine, la complicité des Démocrates et leur participation active au génocide à Gaza de la part de l’administration de Joe Biden accroît le dégoût des jeunes générations et du camp progressiste en général pour ce parti. Amira explique que, malgré leur compassion proclamée et leurs idéaux progressistes, les Démocrates ne valent pas mieux que les conservateurs :
« Ils négligent non seulement nos principes démocratiques fondamentaux, mais utilisent également une vitrine progressiste pour réprimer les mouvements sociaux et instiller la peur, tentant ainsi de maintenir le contrôle sur une population qui a oublié où réside le vrai pouvoir : avec le peuple. En tant que Palestinienne-Américaine, je ne peux ignorer les failles du parti. Je ne peux soutenir un président qui a utilisé mes impôts pour financer le génocide de mon peuple. Mon optimisme repose désormais uniquement sur l’organisation communautaire, et sur le fait de voir le courage de mes pairs universitaires confrontés à la brutalité de notre force policière autoritaire. »
Amira a ainsi récemment co-fondée Free Palestine Denton, une organisation luttant pour la libération de la Palestine dans sa ville, et elle participe aux mobilisations sur son campus malgré les risques de perdre son financement doctoral et sa place à l’université. Amira conclut : « En me mobilisant, j’ai compris que dans notre lutte pour libérer la Palestine, la Palestine nous libère également. »
Image d’illustration : Credit: Ted Eytan. Licence Creative Commons.