Par Manel D.
Il aura fallu plus de cinq mois, et la déclaration officielle d’un risque génocidaire par la Cour Internationale de Justice, pour que le Conseil de sécurité de l’ONU approuve une résolution sur la situation à Gaza, l’exigence d’un cessez-le-feu immédiat et la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages.
Grâce aux mobilisations internationales et face à l’impérieuse nécessité d’agir contre un nettoyage ethnique avéré mis en œuvre par le gouvernement israélien, les États-Unis n’ont pas eu d’autre choix que l’abstention. L’adoption de la résolution a immédiatement fait réagir le gouvernement israélien qui a annulé la visite de sa délégation à Washington en raison de l’abstention américaine. Selon lui, celle-ci « nuit à la fois aux efforts de guerre et aux efforts visant à libérer les otages, parce qu’il donne l’espoir au Hamas que la pression internationale leur permettra d’obtenir un cessez-le-feu sans libération de nos otages« .
Si cette résolution porte en elle la possibilité et l’exigence de justice, elle est aussi le signe d’un affaiblissement de l’emprise et de l’hégémonie états-unienne sur la question palestinienne. En effet, son abstention a lourdement isolé Israël sur la scène internationale. Cela est d’autant plus vrai que cette victoire est le fruit d’une mobilisation très importante des dix membres non permanents du Conseil (Algérie, Malte, Mozambique, Guyana, Slovénie, Sierra Leone, Suisse, Équateur), qui ont travaillé d’arrache-pied sur ce nouveau projet de résolution. Cette mobilisation s’inscrit dans la lignée de celle menée par l’Afrique du Sud, qui avait présenté une résolution sollicitant l’avis consultatif de la CIJ sur la légalité des politiques et des pratiques d’Israël dans les territoires palestiniens occupés.
L’abstention des États-Unis marque certainement un tournant majeur dans la résolution du conflit. Désormais, c’est la possibilité de l’application concrète du texte qui se pose dans toutes les consciences. Après cinq mois et demi d’une guerre immonde dans la bande de Gaza, le Conseil de sécurité de l’ONU réussira-t-il à s’imposer comme une force assez puissante pour mettre fin à cette guerre ? Réussira-t-il à affronter l’opposition déterminée des États-Unis et de ses alliés ? Réussira-t-il à être un interlocuteur pouvant rendre possible la paix entre Palestiniens et Israéliens ?
Quoi qu’il en soit, l’ONU a indéniablement un rôle politique à jouer parce qu’il n’y a pas d’autre alternative que celle-là. C’est à l’ONU de faire respecter le droit international et de mettre en œuvre ses résolutions par une action résolue de tous les États membres. Ce sont les seules voix possibles, sans quoi la création d’un État palestinien indépendant pourrait ne jamais voir le jour, et avec elle la paix…
Image d’illustration : « The Security Council », photographie du 18 décembre 2015 par United Nations Photo (CC BY-NC-ND 2.0)