ÉDITO. Gouvernement et extrême-droite : après l’union, la fusion


Par Marie Jay.

Le passage de la loi immigration en fin d’année dernière a servi de catalyseur à l’union entre le gouvernement et l’extrême-droite. Après avoir voté ensemble sur le programme politique du RN, ces dernières semaines ont montré le ralliement définitif du gouvernement aux thèses marinistes.

Dimanche dernier, G. Darmanin a ainsi formulé le souhait d’une réforme constitutionnelle permettant de mettre fin au droit du sol à Mayotte. L’abandon du droit du sol, principe garantissant l’égalité entre les citoyen·nes et qui charrie la conception d’une citoyenneté qui soit territoriale et non ethnique, était une vieille revendication de l’extrême-droite : le gouvernement la fait sienne.

Le même jour, Aurore Bergé a annoncé que les déclarations des associations féministes liées à l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre seraient passée « au crible » et que leur financement dépendrait de ces déclarations. L’instrumentalisation du féminisme à d’autres fins politiques, la chasse aux sorcières envers les associations, étaient la stratégie de l’extrême-droite : le gouvernement l’adopte.

Hier, Disclose a révélé que le gouvernement français a manœuvré auprès de l’Europe pour inscrire dans le Pacte sur la migration et l’asile la possibilité d’enfermer des mineurs exilés, quel que soit leur âge, dans des centres de rétention aux frontières de l’Europe, et ce potentiellement en violation de la Convention internationale des droits de l’enfant. Le rejet des étranger.es et leur mise au ban de la société, en foulant aux pieds les libertés, était le projet de l’extrême-droite : le gouvernement le met en œuvre.

En quelques jours, le gouvernement a ainsi apporté la preuve de son ralliement non seulement aux idées, mais aussi aux politiques de l’extrême-droite.

Ces actions interviennent, par ailleurs, au même moment où L’Humanité démontre dans une enquête que la moitié des membres du nouveau gouvernement sont des millionnaires. Or, déjà lors de la présidentielle de 2022, de nombreux dirigeants d’entreprises ont apporté leur soutien à cette mouvance politique, à l’image de Bolloré qui en est l’incarnation la plus médiatique.

Alors, ce dernier élément donne une clé de compréhension de la fusion qui s’opère : les grandes fortunes du gouvernement sont tout simplement à l’image de celles, dans le pays, qui sont prêtes à abandonner tout principe pour préserver leurs intérêts économiques.

Image d’illustration : PHOTOMONTAGE.
– Salle du Conseil Matignon, par Emmanuel BRUNNER (Manu25), Wikipedia Commons
Gabriel Attal dans le jardin des Quatres Colonnes du Palais Bourbon durant la première semaine parlementaire de la XVe législature de la Cinquième République française (Paris, France), par Antoine Lamielle, Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0 International.
Marine Le Pen sort de l’amphithéâtre suivie de Paul-Marie Coûteaux, par Rémi Noyon, CC BY 2.0 Deed


Share via
Copy link
Powered by Social Snap