La Fête de notre humanité commune


Par Patrick Le Hyaric.

Cet article du 9 septembre 2023 est extrait de la lettre hebdomadaire de Patrick Le Hyaric. Cliquez ici pour lire la lettre de cette semaine en intégralité et ici pour vous y abonner.

Le désir de se rencontrer, de se parler, de partager ensemble de bons moments gastronomiques ou culturels ont sans doute été les motivations de la réussite des festivals comme des fêtes de village durant toute la période estivale. Pour de nombreuses familles, « aller à la fête », c’est se retrouver en bonne compagnie et participer à une échappée belle ou se libérer l’esprit et l’imaginaire. C’est en quelque sorte la parenthèse enchantée d’un quotidien souvent trop pesant.

La pandémie, la loi des 64 ans pour les retraites, les hausses des prix de l’alimentation et de l’électricité ou du carburant, les si proches bruits de guerre au cœur de l’Europe, les bouleversements climatiques renforcent encore le besoin de se réunir, de discuter pour comprendre et agir, rechercher les chemins par lesquels, enfin, les êtres humains et l’environnement seraient placés au centre des délibérations publiques.

C’est tout l’enjeu de la réussite de la Fête de l’Humanité qui se tient dans quelques jours, les 15,16 et 17 septembre dans un décor de verdure, sur la Base 217, dans la commune du Plessis-Pâté, près de Brétigny (Essonne). Elle clôt la période des festivals et des fêtes de village, en mélange les ingrédients pour s’ériger en un événement original, unique, mêlant culture et bonne chère, débats en toute liberté et découverte, rencontres en fraternité et prises de parole, solidarité internationaliste et concerts avec de grands artistes du moment.

La Fête de l’Humanité est à la fois université populaire et bouillon de culture, moment festif et caisse de résonances de toutes les luttes émancipatrices, espace d’émotions artistiques intenses, d’élaboration d’idées neuves.

Et des idées neuves, le courant progressiste et la gauche en ont bien besoin pour relever, avec le peuple, les défis de l’avenir, dans un monde tourneboulé. Un monde qui bégaie. Un monde qui a besoin de l’unité des peuples, des créateurs, des producteurs et des travailleurs, pour changer de peau au bénéfice des êtres humains et de la nature. La faim reprend sa marche en avant partout dans le monde. Dans nos cités comme dans nos campagnes les files d’attente s’allongent devant les lieux de distribution alimentaire, de plus en plus de familles se privent sur la nourriture alors que les dividendes versés aux grands actionnaires explosent et les dépenses d’armement montent en flèche. Les pressants cris d’alarme et les actions des restos du cœur, de la croix rouge et du secours populaire appellent à mettre en place d’urgence un bouclier social pour protéger les familles populaires.

La Fête de l’Humanité doit résonner de ces exigences, au sortir d’un « été des catastrophes ». Incendies géants, tempêtes historiques, multiples déluges ont partout frappé des populations à travers le monde, tandis que la banquise se fait la malle, et que les océans font bondir le mercure des thermomètres. L’heure est si grave que le Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies António Guterres a lancé ce cri d’alarme, qui relègue les quelques broutilles politiciennes hexagonales à leur juste et pauvre place : de l’enfantillage. Qu’on en juge: « L’ère du réchauffement climatique est terminée, place à l’ère de l’ébullition mondiale », avait-il lancé, au mois de juillet en forme de vibrant avertissement, à la face du monde. Il a été encore plus alarmant le 7 septembre dernier en tirant à nouveau le signal d’alarme : « l’effondrement climatique a commencé » s’est-il écrié.

Ce ne sont pas les déclarations, les communiqués et autres effets de manche qui manquent de la part du pouvoir macroniste et, désormais, de grandes sociétés qui en font des messages publicitaires comme on se gargarise en faisant un bain de bouche. Mais ces mots ne sont que tromperie dès lors que le pouvoir laisse carte blanche aux majors du pétrole pour continuer à imposer un carburant cher qui se transforme en gaz à effet de serre. Plusieurs études sérieuses montrent désormais que le réchauffement climatique, qui fait mal d’abord aux plus pauvres, est un facteur de guerre à venir. Avec une multitude de jeunes, de chercheurs et de travailleurs, la Fête sera le porte-voix de l’urgence climatique intimement mêlée aux urgences sociales. Elle portera accusation des serviteurs du capitalisme en renouvellement qui conduit à l’autodestruction de l’humanité – l’opposé des combats que, chaque jour, mène le quotidien fondé par Jean Jaurès pour que se « réalise l’humanité ».

La Fête va aussi porter en son cœur la paix comme « le plus grand des combats ». Il n’y a aucune issue dans le surarmement et les destructions journalières que fait subir le pouvoir du Kremlin aux populations ukrainiennes. Il n’y a pas d’issue non plus dans les surenchères occidentales et de l’OTAN qui font de l’Ukraine le macabre terrain de jeu de leur volonté de reconquérir une hégémonie de plus en plus contestée. Seuls le dialogue, la coopération, un cessez-le-feu et un puissant travail pour une architecture de coopération et de sécurité commune en Europe et au-delà, peuvent permettre de gagner la paix mondiale et un monde plus sécurisé. La Fête de l’Humanité va être un lieu unique de l’exigence populaire de la paix mondiale et du désarmement.

La paix est une nécessité ôtant un argument aux puissances d’argent spéculatrices qui font monter tous les prix à la consommation tout en limitant les rémunérations du travail et les pensions de retraite. La paix est aussi une nécessité pour que les nations et les peuples puissent ensemble relever les grands défis de l’heure : changement climatique, service public du numérique, migrations, Codéveloppement humain, réorientation de l’argent aujourd’hui gâché dans la course aux armements vers les œuvres de vie, particulièrement le combat contre la faim et l’accès à des systèmes de santé gratuits pour toutes et tous, à l’éducation et au travail. En ce sens, la Fête vibrera de la solidarité internationaliste avec les peuples qui cherchent des voies nouvelles pour leur indépendance comme en Afrique, ceux qui rejettent les occupations comme en Palestine, ceux qui n’en peuvent plus d’être pourchassés et enfermés comme les Kurdes.

Au moment où montent les périls d’extrême droite partout en Europe, la Fête est un espace à la disposition de tous les démocrates, de tous les républicains, pour la combattre, mais, au-delà, pour défricher les chemins de l’unité pour la transformation sociale, écologique et démocratique – seul moyen de l’empêcher d’accéder au pouvoir.

La Fête sera donc un foisonnement de débats, de réflexions, d’idées, de projets pour inventer une autre société, un autre monde. L’avènement de celui-ci ne sera possible qu’en travaillant à l’unité populaire pour un changement de pouvoir en France et en Europe.

En ce sens la fête peut être un puissant rassemblement de luttes pour préparer de nouveaux futurs. Elle peut être un beau tremplin pour la réussite de la journée internationale de la paix, le 21 septembre, de la journée internationale pour l’élimination totale des armes nucléaires, le 26 septembre, et celle de la journée européenne d’action du 13 octobre dans laquelle, dans l’unité, les syndicats sont engagés.

Il n’est pas trop tard pour inviter autour de soi à y participer. La parole y est libre. La fraternité, la sororité, l’égalité, le respect mutuel en sont les règles. Les concerts et la culture, éclatants.

La Fête de l’Humanité, juste avant l’équinoxe d’automne, ouvre aussi une saison nouvelle. Quelle soit celle, de l’émancipation et de la réalisation de notre humanité commune !


Pour acheter son bon de soutien, se rapprocher des militant·es communistes de sa ville (tarif militant, 40€), ou se rendre sur le site web de la Fête (tarif dernière minute, 60€).

Image par la Fête de L’Humanité.


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