Demain, Paris à 50°C ?



Par Jean-Noël Aqua, Conseiller de Paris, militant communiste

Le réchauffement climatique est déjà là, et ses conséquences, déjà palpables. Les épisodes caniculaires vont devenir plus fréquents, particulièrement dans les centres urbains et les métropoles. Ils vont frapper plus durement les populations les plus fragiles et les plus pauvres, mais personne ne pourra y échapper. Des températures de 50°C sont ainsi annoncées pour Paris, laissant craindre des crises humanitaires, et la remise en question de l’habitabilité de nos villes. Nous devons nous y préparer, autant qu’agir pour limiter le réchauffement et ses conséquences.

C’est pourquoi des élus de tous bords ont travaillé sur le thème « Paris face aux vagues de chaleur de 50°C » pour proposer des mesures d’adaptation et d’atténuation de ces futures chaleurs. Une réflexion qui doit servir à toutes les métropoles qui seront frappées par l’effet d’îlot de chaleur urbaine.

Ces vagues de chaleur perturberont profondément nos sociétés. Elles toucheront toute l’organisation de la ville, du travail aux transports et réseaux d’approvisionnement (notamment d’électricité et d’eau), jusqu’à l’habitabilité des logements. Ce risque doit être pleinement intégré dans le Code du travail, d’autant que les organisations patronales ont démontré leur manque flagrant d’anticipation et de prévoyance. Mais est-ce étonnant ? Il doit désormais aussi faire partie des plans de gestion de crise des pouvoirs publics.

Mais nous devons aussi agir en amont pour adapter nos villes. En transformant et isolant massivement le bâti, tant des logements que des lieux de travail ; en végétalisant massivement les centres urbains ; en développant des réseaux de climatisation urbains, vertueux socialement et écologiquement ; en garantissant l’accès à l’eau et à des lieux frais ; en augmentant l’albédo1 par l’usage de revêtements des rues et des toits clairs, etc.

Seulement les investissements requis pour prendre le problème à la hauteur des enjeux sont colossaux. Prenons l’exemple de la rénovation des logements. Si la Ville de Paris investit massivement dans la rénovation de son parc de logements sociaux, force est de constater que l’État est aux abonnés (presque) absents sur le sujet de la rénovation du parc privé, qui est de sa responsabilité. Pour respecter la stratégie de la Cop 21, il faudrait rénover 40.000 logements par an à Paris, pour a minima 800 millions d’euros annuels. Nous en sommes à peine à 2 000 du fait de l’absence d’aides financières suffisantes de l’État. L’inaction de la droite macroniste ou non est d’autant plus insupportable que cette rénovation créerait des emplois, diminuerait notre emprunte carbone et les factures d’énergie et améliorerait le confort tant d’été que d’hiver. L’austérité coute cher.

La population ne doit pas faire les frais de l’inaction de Macron (et consorts)

Il faut donc clairement poser les faits dans le débat. Si le réchauffement climatique est largement dû aux logiques du capitalisme (et notamment son court-termisme et obsession de la rentabilité), ce n’est aujourd’hui pas aux peuples d’en payer tant les conséquences que l’adaptation. Il faut donc plaider pour des investissements massifs dans la transition écologique de nos territoires portés par des financements nouveaux. Des financements nouveaux mettant à contribution les plus aisés et les entreprises – comme la taxation des logements secondaires, des bureaux vacants, des palaces et hôtels de luxe, et la restauration de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises. Des financements nouveaux comme un fonds européen refinancé par la BCE, mettant la création monétaire au service de la transition écologique.

Il n’y a pas d’amour, il n’y a que des preuves d’amour, dit le poète. C’est la même chose pour l’ambition écologique. En parler sans poser les moyens de la réaliser est inconséquent. Si nous ne voulons pas que nos villes deviennent des fours, il va falloir trancher et rompre avec les logiques du capitalisme. Sans cela, l’adaptation risque d’être un échec cuisant.


1 Fraction de la lumière que réfléchit ou diffuse un corps non lumineux.


Pour en savoir plus, retrouvez le rapport de la mission d’information et d’évaluation du Conseil de Paris.

Image par Croix-Rouge française à Paris sous licence CC BY-NC-ND 2.0.


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