Zohran Mamdani a été élu maire de New York le 4 novembre 2025. Le candidat démocrate, membre des DSA (Socialistes démocrates d’Amérique), a été propulsé vers la victoire par un record historique de participation. Plus de deux millions de personnes se sont rendues aux urnes, un niveau inégalé depuis près de 60 ans – dans une ville de pourtant 8,5 millions d’habitant·es.
À l’inverse des injonctions à la modération, Zohran Mamdani a fait le choix payant de la rupture avec l’establishment, le camp des ultra-riches et de la tyrannie trumpiste. Sur ces bases, son programme a remporté la majorité absolue (50,4 % des voix) contre son principal adversaire, l’ex-gouverneur Andrew Cuomo, candidat de la continuité.
Une telle mobilisation reflète l’espoir suscité par sa campagne et la crédibilité qu’il a su construire autour d’un discours fortement marqué à gauche, alors qu’il était inconnu du grand public un an auparavant. Ce succès s’explique aussi par le soin pris de s’ancrer dans la vie des gens ordinaires, pour qui vivre à New York est hors de prix. Tout le monde n’aspire pas aux systèmes privés de prêts, d’assurances et de capitalisation pour s’en sortir. Des millions de gens croient, au contraire, à la solidarité collective.
Des aspirations d’égalité sociale et de dignité à la lutte contre le racisme et l’impérialisme, en passant par la solidarité avec les peuples opprimés : Zohran Mamdani et son équipe ont redoublé d’efforts pour être au rendez-vous des luttes populaires. Ces derniers mois, le monde avait les yeux braqués sur New York. Aujourd’hui, les progressistes célèbrent partout la victoire du socialiste new-yorkais, en faisant un symbole d’espoir face au capitalisme et au néolibéralisme. Reste à voir si cette victoire fera véritablement entrer New York et les États-Unis dans une nouvelle ère politique.
En tout cas, une victoire populaire à New York était loin d’être gagnée. Zohran Mamdani et ses soutiens ont dû se confronter aux moyens disproportionnés des capitalistes américains, qui ont injecté des millions de dollars pour les discréditer.
À cet égard, leurs adversaires démocrates n’ont rien eu à envier aux macronistes français en termes de férocité politique. Andrew Cuomo (soutenu en dernière instance par Trump) et une partie de l’appareil du parti ont cherché à mettre en avant l’inexpérience de Mamdani et son positionnement à « l’extrême gauche », espérant effrayer l’électorat modéré. Ils ont au contraire démontré sa crédibilité comme adversaire de l’oligarchie.
Toute la bulle médiatique réactionnaire a également cherché à discréditer son profil (né en Ouganda, musulman, socialiste), le présentant comme une menace pour la stabilité économique et sociale de la ville. Résultat, sa personnalité s’est faite l’écho des vies des immigrés pauvres, des quartiers populaires, des gens du quotidien. Elle a rassemblé une large base sociale, le propulsant en quelques mois d’inconnu à favori de l’élection.
Évidemment, Donald Trump a lui aussi multiplié les attaques, menaçant de couper les fonds fédéraux à New York en cas de victoire du candidat socialiste. Il a également appelé les électeurs juifs à faire barrage à Mamdani, l’accusant d’être « anti-juif » et de « haïr » cette communauté, dans l’espoir de diviser son électorat. Cerise sur le gâteau, il a même insulté Mamdani de « communiste ». Ce dernier ne s’en est pas défendu, et a laissé les juifs de gauche de New-York, comme ceux de Jews Voice, répondre eux-mêmes aux accusations d’antisémitisme. Comme quoi face au système, tenter de montrer patte blanche n’est jamais la solution !
C’est le parti-pris que Zohran Mamdani a choisi de réaffirmer le soir de sa victoire : « La classe des milliardaires a cherché à convaincre ceux qui gagnent 30 dollars de l’heure que leurs ennemis sont ceux qui gagnent seulement 20 dollars de l’heure. Ils veulent que les gens se battent entre eux pour nous maintenir distraits de notre tâche : reconstruire sur les bases d’un système daté et brisé. Nous refusons de leur laisser dicter les règles du jeu plus longtemps. Ils peuvent jouer selon les mêmes règles que nous tou·tes. On peut répondre à l’oligarchie et l’autoritarisme avec la force qu’ils craignent, pas l’apaisement qu’ils désirent. »
Le plus dur reste à venir. Pour être à la hauteur des engagements pris pendant la campagne, il ne suffira pas d’améliorer les conditions de vie des New-Yorkais, mais aussi de chercher à créer de véritables liens de solidarités entre tous les travailleur·es exploité·es par l’économie new-yorkaise, épicentre impérial du capitalisme, qu’ils et elles soient ou non citoyen·nes américain·es.
Image d’illustration : « Zohran Mamdani at Caveat on May 25 2025 », photographie du 25 mai 2025 par Bryan Berlin (CC BY-SA 4.0) – cropped image
