ÉDITO. Taxer les riches ? Ce n’est pas assez ! Place au communisme


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Depuis des mois, une idée progresse dans les consciences : il est indispensable de taxer davantage les riches. Cette idée s’impose parce que les inégalités explosent et que les services publics s’effondrent.

Alors disons-le tout net : taxer les riches, c’est juste. Mais c’est un retour au vieux logiciel social-démocrate : corriger un peu les excès, sans toucher au cœur du système.

La taxe Zucman qui prévoit un prélèvement de 2 % sur les patrimoines de plus de 100 millions, c’est bien, mais ce n’est rien face à l’indécence des fortunes accumulées. Elle nous ramène aux recettes keynésiennes de l’après-guerre : prélever un peu pour stabiliser le système. Mais aujourd’hui, le problème, c’est le système lui-même.

Nous vivons sous un régime de privilèges capitalistes. Comme hier les seigneurs vivaient de dîmes et de corvées, aujourd’hui une poignée d’actionnaires et d’héritiers s’accaparent logements, terres, usines et brevets. Ce ne sont pas des fortunes « méritées », mais le produit de la rente, de l’héritage, de la spéculation, de l’appropriation du travail collectif.

Il ne suffit plus de taxer. Il faut en finir avec le fétichisme de l’accumulation capitaliste. Cette idéologie qui fait croire que l’enrichissement infini d’une minorité serait un progrès pour tous, alors qu’il est la source de notre appauvrissement commun et de la destruction de la planète. C’est le cœur de la proposition macroniste et de sa théorie du ruissellement.

Il faut interdire l’accaparement. Il faut interdire qu’un individu possède des centaines de logements pendant que des familles dorment à la rue. Il faut interdire qu’une poignée de milliardaires accumule des fortunes obscènes pendant que nos hôpitaux ferment et que nos écoles s’effondrent. Il faut interdire que quelques rentiers concentrent plus de pouvoir économique qu’un peuple tout entier.

Car si nous ne reprenons pas ces richesses accaparées, l’extrême droite se chargera de canaliser la colère. Elle ne s’attaque jamais aux milliardaires : elle les protège. Elle détourne la rage populaire contre les étrangers, les pauvres, les minorités. Le fascisme prospère toujours sur la misère sociale et la résignation politique.

Voilà pourquoi la bataille pour la justice sociale est aussi une bataille antifasciste. Limiter la propriété privée, plafonner les fortunes, socialiser les excès, ce n’est pas seulement une mesure économique : c’est un acte de défense démocratique. C’est refuser que la République se transforme en terrain de chasse pour les oligarques et en champ de haine pour les démagogues.

La propriété d’usage doit être garantie. Mais la propriété de domination – celle qui donne pouvoir sur la vie des autres – doit être abolie. Comme nous avons inventé un salaire minimum, il faut inventer un salaire maximum et un patrimoine maximum.

1789 a aboli les privilèges féodaux. Il est temps d’abolir les privilèges capitalistes.
Nous n’avons pas besoin d’un replâtrage social-démocrate. Nous avons besoin de communisme : d’une société où la richesse est enfin gérée collectivement.


Image d’illustration : « Conférence à l’Ecole polytechnique de Bernard Arnault « LVMH, la construction d’un leader mondial Français » », photographie du 14 mars 2017 par Jérémy Barande (CC BY-SA 2.0)

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